jeudi 20 janvier 2011

Jean Quatremerde

Monsieur Quatremer affirme sur son blog que la manifestation du 23 janvier, qui réclame la formation d'un gouvernement sans en préciser la forme, constitue le degré zéro de la politique.

Avec la condescendance stéréotypique qui a ancré la haine du Français - et de sa grande gueule - dans l'inconscient collectif des moules-frites, Monsieur Quatremer nous livre une analyse digne de BHL citant Botul:

Le peuple belge est-il en train de manifester son attachement à la Belgique ? Hé bien non. D’abord, cette initiative vient de Bruxelles, plus précisément d’étudiants de la VUB, l’Université flamande de la capitale, et non d’Anvers ou de Gand. Ils sont certes néerlandophones, mais sont avant tout des Bruxellois et à ce titre, ils font partie des derniers Belges vraiment attachés à leur pays.

Parce que tous les étudiants de la VUB sont originaires de Bruxelles peut-être? Pas un seul petit Flamand des campagnes monté à la ville pour faire ses études?

Ils sont certes néerlandophones, mais sont avant tout des Bruxellois: si je comprends bien la Flandre reconnaît à Bruxelles le statut de Région à part entière? Aux dernières nouvelles, il me semble que la Flandre a toujours Bruxelles pour capitale, et la considère comme partie intégrante de son territoire. Un Flamand de Bruxelles n'est pas moins flamand qu'un Flamand de périphérie. Je ne vois donc pas pourquoi une initiative émanant de Bruxellois aurait moins de poids que si elle émanait de Gantois ou d'Anversois.

A ce titre, ils font partie des derniers Belges vraiment attachés à leur pays.

Les derniers? Vraiment? Je sais qu'on est au pays du surréalisme, mais Monsieur Quatremer vit carrément dans une réalité alternative. Qu'il sorte un peu du quartier européen, la Gare du Luxembourg est juste à côté: qu'il prenne un train, qu'il voie un peu du Plat Pays. Après, on en reparle.
D'ailleurs, en vertu de quoi les Bruxellois seraient-ils par essence Belgicains? Moi, franchement la Belgique, j'en ai rien à foutre. J'ai juste pas envie de devenir Flamand. Ni Wallon. Grolandais, à la limite, mais je suis avant tout Bruxellois. 


Bref, la manifestation de dimanche fait dans l’apolitisme bêtifiant, alors que l’unité du pays n’a jamais paru aussi menacée. Mais sans doute est-ce la seule façon de réunir encore, autour d’un même mot d’ordre, Néerlandophones et Francophones, même bruxellois.

Commençons par montrer de façon pointilleuse et mesquine que Monsieur Quatremer ne sait pas de quoi il parle: on ne dit pas Néerlandophones et Francophones, termes qui renvoient aux Communautés linguistiques, suivi de même bruxellois, qui désigne les habitants de la Région de Bruxelles-Capitale. Et prend une majuscule.

Au-delà du vieux cliché qui veut qu'à part le chocolat et la bière, les Belges n'aient plus rien en commun, le spectre de la Fin Imminente le Belgique et l'épouvantail de l'Unité Tous Les Jours Un Peu Plus Menacée, il me semble que ça fait plus de 200 jours qu'on en bouffe à tous les repas, et, que je sache, le partage des boules de l'Atomium n'est encore à l'ordre du jour nulle part.

D'ailleurs l'unité du pays, me semble nettement moins menacée qu'en 2007 ou au soir du 13 juin. Parce que l'opinion publique commence à grogner, et que son grognement se fait l'écho d'une autre pression bêtement apolitique: celle des marchés. Du coup, le bon vieux compromis à la belge, qui ne satisfait personne mais permet à tout le monde de sauver la face, apparaît de plus en plus comme la seule option viable.

Dans une démocratie, réclamer du monde politique qu'il fasse ce pour quoi il a été élu n'est pas bêtement apolitique. Le rappel par la population à sa classe dirigeante que la politique c'est avant tout la gestion de la Cité n'est pas un événement anodin. Réclamer aux élus d'accomplir la tâche qui leur a été assignée par le scrutin, conformément au résultat des urnes ne relève pas du degré zéro de la politique, mais de la conscience citoyenne.

Le degré zéro de la politique, c'est montrer l'autre du doigt et l'accuser de tous les maux, vous savez, comme Sarkozy fait avec les Roms, les immigrés et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un pauvre.

1 commentaire:

  1. belle réponse à un exercice d'intellectualisme gaulois primaire, qui se permet de tout critiquer et en premier lieu ce qu'il ne connaît (comprend?) pas

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