jeudi 9 février 2012

Facebook, je suis parti (et je le resterai toujours - enfin j'espère)

Deux jours. Deux jours que j'ai quitté Facebook. Pas simplement désactivé mon compte, non, non: carrément effacé. Pour toujours. Enfin, presque: le réseau social me laisse 14 jours pour craquer et changer d'avis. C'est fourbe, mais j'avoue avoir un brin d'admiration pour un piège aussi bien pensé.

N'y allons pas par quatre chemins: j'étais accro. Pas aux photos de vacances de rêve que certains vous partagent dans la gueule en espérant que vous serez content pour eux à en avoir mal au cul et les dents qui grincent, ni aux détails inutiles des vies inintéressantes d'amis à moitié oubliés, ni encore à la parade continue de mouflets dont je n'ai, honnêtement, rien à caler. Non.

J'étais accro au contenu. Au pote musicos qui poste ses démos, mais aussi les trucs qu'il aime, de la vraie musique, avec du vrai goût dedans. A l'autre pote, qui poste des séquences rigolotes qu'il tourne dans ma ville, dans des endroits que je connais. A la blogueuse, qui gueule, qui dénonce et qui répond aux trolls qui polluent sa page (publique) avec de vrais arguments, pleins de vrais faits et de vraies idées.

En fait, pour un univers souvent décrit comme artificiel ou superficiel, Facebook se révèle une mine étonnante d'authenticité. Je devrais plutôt dire une source, car les débats, articles, vidéos, discussions qui sont mis en ligne génèrent un flot constant de contenu. Même en écrémant, ça fait quand même une montagne d'informations à avaler et aux quelles réagir (et je file mes métaphores comme le maire de Champignac).

Et voilà le piège: il y toujours quelque chose d'intéressant sur Facebook. Ou quelque chose d'intéressant sur le point d'être mis en ligne. La pause Facebook qui commence comme un break de 5 minutes pour penser à autre chose a vite fait de durer une heure et demie. Au stade avancé, il devient difficile de se concentrer sur une tâche pénible ou continue, vu qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant à aller voir. Ou à poster.

A la fin, je n'étais jamais vraiment déconnecté. Toujours un débat en cours, quelque chose à attendre ou une discussion à lancer. Je ressassais les arguments du dernier débat avec un inconnu en rentrant chez moi, puis je me reconnectais pour balancer mon dernier argument. L'inconvénient de ces débats par posts interposés, c'est que la réponse peut se faire attendre, et je sais pas vous, mais moi quand je m'investis dans un débat, je n'en sors jamais vraiment avant le dénouement. Surtout quand le mec en face de moi me tape sur les nerfs.

Bref, ça me bouffait du temps et ça me rendait nerveux.

Donc j'ai arrêté. J'ai demandé à Facebook de m'envoyer mes données, puis j'ai effacé mon profil.

Depuis, les aliments ont plus de goût, je ne tousse plus le matin et je monte les escaliers du bureau sans être essoufflé. Euh, non, ça c'est autre chose.

Je ne vais pas en faire des tonnes pour le plaisir de broder, mais je dois dire que j'ai eu le sentiment physique d'être déconnecté de quelque chose. Ce qui est certain, c'est que sans cette source facile d'information, de distraction et d'interaction, ma conscience et mon intérêt pour mon environnement immédiat se sont accrus. Pas un truc grandiloquent à la con, genre "les couleurs étaient plus vives", mais malgré tout un changement de qualité dans mon être-là.

Dans mes émotions aussi. Sans profil disponible à tout moment pour poster mes états d'âmes (ou un article/vidéo/chanson qui les illustre), toutes mes colères, mes coups de gueule et mes coups de mou ont le temps de bouillonner, se mélanger, décanter... Bref, mûrir. Je dois dire que c'est plutôt pas mal.

Le jour où j'ai quitté Facebook, la première chose que j'aie voulu faire, c'est poster un statut pour l'annoncer. Puis je suis rentré chez moi, j'ai mis du gros métal à fond et j'ai laissé la catharsis s'opérer à coups de gros riffs et de headbanging.

Depuis je suis plus productif au boulot, j'ai repris ce blog, et j'ai dégagé du temps pour m'adonner à des activités plus constructives.

Les jeux vidéo, par exemple.