jeudi 9 février 2012

Facebook, je suis parti (et je le resterai toujours - enfin j'espère)

Deux jours. Deux jours que j'ai quitté Facebook. Pas simplement désactivé mon compte, non, non: carrément effacé. Pour toujours. Enfin, presque: le réseau social me laisse 14 jours pour craquer et changer d'avis. C'est fourbe, mais j'avoue avoir un brin d'admiration pour un piège aussi bien pensé.

N'y allons pas par quatre chemins: j'étais accro. Pas aux photos de vacances de rêve que certains vous partagent dans la gueule en espérant que vous serez content pour eux à en avoir mal au cul et les dents qui grincent, ni aux détails inutiles des vies inintéressantes d'amis à moitié oubliés, ni encore à la parade continue de mouflets dont je n'ai, honnêtement, rien à caler. Non.

J'étais accro au contenu. Au pote musicos qui poste ses démos, mais aussi les trucs qu'il aime, de la vraie musique, avec du vrai goût dedans. A l'autre pote, qui poste des séquences rigolotes qu'il tourne dans ma ville, dans des endroits que je connais. A la blogueuse, qui gueule, qui dénonce et qui répond aux trolls qui polluent sa page (publique) avec de vrais arguments, pleins de vrais faits et de vraies idées.

En fait, pour un univers souvent décrit comme artificiel ou superficiel, Facebook se révèle une mine étonnante d'authenticité. Je devrais plutôt dire une source, car les débats, articles, vidéos, discussions qui sont mis en ligne génèrent un flot constant de contenu. Même en écrémant, ça fait quand même une montagne d'informations à avaler et aux quelles réagir (et je file mes métaphores comme le maire de Champignac).

Et voilà le piège: il y toujours quelque chose d'intéressant sur Facebook. Ou quelque chose d'intéressant sur le point d'être mis en ligne. La pause Facebook qui commence comme un break de 5 minutes pour penser à autre chose a vite fait de durer une heure et demie. Au stade avancé, il devient difficile de se concentrer sur une tâche pénible ou continue, vu qu'il y a toujours quelque chose d'intéressant à aller voir. Ou à poster.

A la fin, je n'étais jamais vraiment déconnecté. Toujours un débat en cours, quelque chose à attendre ou une discussion à lancer. Je ressassais les arguments du dernier débat avec un inconnu en rentrant chez moi, puis je me reconnectais pour balancer mon dernier argument. L'inconvénient de ces débats par posts interposés, c'est que la réponse peut se faire attendre, et je sais pas vous, mais moi quand je m'investis dans un débat, je n'en sors jamais vraiment avant le dénouement. Surtout quand le mec en face de moi me tape sur les nerfs.

Bref, ça me bouffait du temps et ça me rendait nerveux.

Donc j'ai arrêté. J'ai demandé à Facebook de m'envoyer mes données, puis j'ai effacé mon profil.

Depuis, les aliments ont plus de goût, je ne tousse plus le matin et je monte les escaliers du bureau sans être essoufflé. Euh, non, ça c'est autre chose.

Je ne vais pas en faire des tonnes pour le plaisir de broder, mais je dois dire que j'ai eu le sentiment physique d'être déconnecté de quelque chose. Ce qui est certain, c'est que sans cette source facile d'information, de distraction et d'interaction, ma conscience et mon intérêt pour mon environnement immédiat se sont accrus. Pas un truc grandiloquent à la con, genre "les couleurs étaient plus vives", mais malgré tout un changement de qualité dans mon être-là.

Dans mes émotions aussi. Sans profil disponible à tout moment pour poster mes états d'âmes (ou un article/vidéo/chanson qui les illustre), toutes mes colères, mes coups de gueule et mes coups de mou ont le temps de bouillonner, se mélanger, décanter... Bref, mûrir. Je dois dire que c'est plutôt pas mal.

Le jour où j'ai quitté Facebook, la première chose que j'aie voulu faire, c'est poster un statut pour l'annoncer. Puis je suis rentré chez moi, j'ai mis du gros métal à fond et j'ai laissé la catharsis s'opérer à coups de gros riffs et de headbanging.

Depuis je suis plus productif au boulot, j'ai repris ce blog, et j'ai dégagé du temps pour m'adonner à des activités plus constructives.

Les jeux vidéo, par exemple.

vendredi 21 octobre 2011

Kadhafi : le résultat d'une traque acharnée de plus de 10 ans

La nouvelle est tombée hier dans l'après-midi : le colonel Kadhafi a été capturé, mort. La mort du dictateur libyen lui évitera un procès... et permettra surtout à ses amis d'hier de sortir indemnes d'une procédure en justice où le risque de sortir les cadavres des placards était plus que compromettant.

Prenons toutefois le temps de revenir sur plus de 10 années d'une traque acharnée menée par les leaders politiques occidentaux pour capturer le despote sanguinaire.

Guy Verhofstadt et Louis Michel : la main qui glisse

En 2004, Louis Michel prend le thé avec celui qu'il pense être le Père Fouettard. Il lui rappelle qu'il aimerait cette année que le double maléfique de St-Nicolas dépose quelques nouvelles casseroles dans la cheminée du Parti Socialiste. Néanmoins, en cours d'entretien, le père Michel est pris d'un doute : cet accent nord-africain, ce maquillage trop clair... Serait-ce un imposteur ? 



Le leader réformateur fait alors appel au Premier Ministre de l'époque Guy Verhofstadt pour en avoir le coeur net.

- Dis Guy, ce pei prétend être le Père Fouettard. Tu ne le trouves pas un peu pâle ?
- Tu es con ou quoi ? C'est Kadhafi ! Attends, je vais faire semblant de lui serrer la main et je vais l'attraper. On le livrera ensuite à la justice qui le jugera pour ses crimes odieux.


Hop, un petit sourire, je serre, je serre... 



Ne pas le lâcher. Ne pas le lâcher...


Foert ! Il a glissé. Saloperie de pousse-mousse super hydratant. Je n'aurais jamais dû me laver les mains après être allé pisser.

Nicolas Sarkozy : "Je vais te nettoyer ta yourte au Kärcher !"

Peu après son accession à la présidence de la République française, Nicolas Sarkozy convoque à Paris Alexandre Bouglione. Les deux hommes souhaitent s'entretenir de juteux contrats de coopération humanitaire, notamment dans les domaines du nucléaire civil et de l'armement. Sans son maquillage, le célèbre clown est méconnaissable, mais quand même reçu en grandes pompes à l'Elysée.




Les premiers doutes s'installent lorsque le présumé Bouglione demande à pouvoir monter son chapiteau dans les jardins de l'Elysée. Sarkozy devient perplexe : tout ceci ressemble bel et bien à un cirque, mais où sont les éléphants et les trapézistes ?

 

Quelques mois plus tard, lors du sommet de Lisbonne, le président français se rend compte de la supercherie et reconnaît Alexandre Bouglione dans l'assemblée, mais assis à la table de la représentation libyenne. Ni une, ni deux, Sarkozy le met en garde :

- Alex, je sais que l'humour est ton métier, mais ce n'est pas bien de te faire passer pour Kadhafi : ça pourrait t'attirer des ennuis. Et au passage, tu ferais bien de venir nettoyer le bordel que tu as laissé dans ma cour. Autrement, je m'en vais te la nettoyer au Kärcher, ta yourte !

Berlusconi battu sur un coup de boule en traître

Silvio Berlusconi, de par sa proximité géographique, a plusieurs fois eu l'occasion de mettre en garde le leader libyen. Malheureusement, à chaque fois qu'il était prêt du but, le président du conseil italien a buté sur plus fort que lui, péchant par de graves lacunes en self-defense. Reconstitution d'une confrontation virile.



- Mouammar, viens donc ici que je t'embrasse. 


- C'est bon, je le tiens. Je vais tenter une clé de patte dès qu'il aura son attention détournée par cette paire de seins en plâtre subtilement érigée derrière lui.


Et puis, c'est le drame. Distrait par la présence de Johnny Hallyday, Silvio Berlusconi tombe dans un traquenard. Kadhafi l'enlace...


Il l'entraîne dans une valse assassine et...


... il lui colle un coup de boule en traître. 





Berlusconi en conservera de graves séquelles, dont une migraine chronique qui l'empêche désormais d'activer l'hémisphère gauche de son cerveau.

José Manuel Barroso : par amour du funk

Il déteste qu'on lui rappelle cet épisode, mais le président de la Commission européenne a également été à deux doigts de capturer Mouammar Kadhafi. C'est sa passion pour le funk et son célèbre déhanché qui l'ont trahi. Sa boulette n'en est que des plus regrettable. Le porte-parole de la Commission a eu bien du mal à masquer son embarras.



- Yeah James Brown ! Give me five !

Les rideaux de Tony Blair


Pas de bol non plus pour l'ancien Premier ministre britannique. Sa femme l'envoie chez Ikea pour acheter des nouveaux rideaux pour la salle de bains. "Un truc un peu plus chaud que des dauphins" exige-t-elle. Arrivé sur place, Tony Blair tombe sur un vendeur particulièrement doué qui parvient à le convaincre d'opter pour un splendide modèle représentant une oasis et des chameaux. Les deux hommes immortalisent ce grand moment de complicité commerciale. L'affaire fit scandale, Madame Blair estimant que la couleur des rideaux jurait avec le carrelage lilas. Le bon de commande étant signé, le couple dut se résigner à faire appel à Robert Mugabe pour poser un nouveau carrelage.

Le valet puant s'invite au dîner de cons

C'est une tradition à la Maison blanche : chaque année, le président organise son célèbre dîner de cons. Et comme chaque année, les invités sont les mêmes. Medvedev emmène Berlusconi, Obama fait plaisir à son copain Sarkozy et le Chinois au nom imprononçable ramène Alexandre Bouglione. Sauf qu'à un moment, quelqu'un repère la couille dans le potage...



- Berlusconi : Dis-moi Tching Tchong, tu es sûr de l'identité de ton invité ? Il ressemble méchamment au mec qui m'a collé une tête l'année dernière, même que j'ai oublié son nom parce que, depuis lors, mon cerveau ne fonctionne plus qu'à moitié...

- Sarkozy : Ta gueule Silvio. Fais semblant de rien. A la fin du dîner, on le chope et on l'oblige à venir nettoyer les crasses qu'il a laissées dans mon jardin.

Cette sélection de photos de la traque de Kadhafi n'est pas exhaustive. Bien d'autres sont à découvrir ici.

jeudi 23 juin 2011

Les secrets du programme de Laurent Louis enfin dévoilés

La poésie Babel Fish (du nom de l’outil de traduction automatique de Yahoo!) est un mouvement littéraire encore peu connu mais qui mérite toute notre attention. Le procédé est très simple : il s’agit de faire transiter un texte original par plusieurs étapes d’un outil de traduction automatique, quel qu’il soit. Le texte original est ainsi traduit dans une langue étrangère A. Le résultat est traduit à son tour dans une langue étrangère B. Et ainsi de suite, avant de revenir, en bout de chaîne, à une traduction vers la langue d’origine. Le résultat ainsi obtenu surprend souvent par son caractère surréaliste, le texte final n’ayant pratiquement plus rien à voir avec l’objet initial. Evidemment, plus le texte a transité par des langues différentes, plus importante sera l’altération de sa signification. La technologie se charge d’inventer de nouveaux sens à nos mots, ce qui aura de quoi occuper les philosophes du langage pendant encore quelques années : l’intelligence artificielle peut-elle générer du sens ?

Parfois, la poésie Babel Fish semble s’octroyer des pouvoirs paranormaux. Ainsi, qui pourra expliquer par quelle force occulte un texte a priori anodin, après être passé à la moulinette du Babel Fish, s’est transformé en ce qui ressemble furieusement au… programme électoral de Laurent Louis, le président du MLD ? A coup sûr, internet nous réserve encore de nombreuses surprises.

Voici donc le texte obtenu après traduction via Google Translation selon le parcours suivant : français, anglais, albanais, espagnol, néerlandais, tchèque, swahili, hongrois, créole haïtien, finnois, basque et enfin retour à la case départ : français.

« Enseignement supérieur ainsi que le traitement est tout simplement impossible de tige de la personne moyenne. Il devrait être sous la forme d'une longueur merus, la distance entre la bouche et à l'épaule semble. Vous pouvez tirer vos yeux ouverts, parce que le réflexe de sa naissance. Sont physiquement en mesure d'arrêter le temps éternuements urinuar.Jet allait se poursuivre. Certains sont des experts, ainsi que caca et pipi dans la même force que d'habitude. Contrairement à la littérature, beaucoup d'entre nous peut réduire piège la bouche du patient. C'est probablement la preuve de l'organisme humain est parfait comme vous pouvez imaginer. »

Et le texte original. La coïncidence est édifiante.

« Selon une doctrine encore fort bien implantée au sein de la profession médicale, il serait tout bonnement impossible pour un être humain normalement constitué de se lécher le coude. Apparemment, la raison serait à chercher du côté de la différence entre la longueur de l’humérus et la distance qui sépare notre bouche de notre épaule. De même, il ne serait pas non plus possible d’éternuer en gardant les yeux ouverts, à cause d’une sorte de réflexe inné. On peut également s’étonner d’être physiquement incapable d’éternuer en continuant d’uriner. Le jet s’interrompt automatiquement au moment de l’éternuement. Certains praticiens constatent de surcroît qu’uriner et déféquer simultanément relèverait également de l’exploit surhumain. Par contre, la littérature relève bien plusieurs cas de patients surpris en train de déféquer par la bouche. C’est bien là la preuve que le corps humain n’est peut-être pas aussi parfait qu’on pourrait le croire. »  

Je vous laisse le soin de vérifier par vous-même la ressemblance sur le site officiel du MLD ou même sur le blog de Laurent Louis.

samedi 11 juin 2011

Les gros cons de l’année : le bilan des Belges à mi-parcours (les favoris selon AL)

Juste avant les vacances estivales, il est peut-être de bon ton de tirer un premier bilan. Le classement général n’est toujours que provisoire mais on sent le titre de plus en plus convoité, tant les candidats à la victoire finale rivalisent d’ingéniosité pour sortir du peloton et espérer franchir la ligne d’arrivée en tête. A six mois des votes pour attribuer la palme du gros con de l’année, ça frotte, ça parade, ça gratte de la patte. Chacun y va de sa propre tactique : toujours à l’attaque façon Jacky Durand, discrètement installé en queue de groupe en attendant les Alpes comme l’infâme Miguel Indurain ou prêt à tout miser sur un seul exploit à la manière de Laurent Jalabert.

Liste non exhaustive mais hautement subjective, voici mon premier bilan des Belges après bientôt six mois de compétition.

Le député et président du MLD Laurent Louis, pour sa régularité et son abnégation

S’il ne passe pas les Champs avec le maillot jaune, Laurent Louis emportera à coup sûr la vareuse de la combativité. Au moins une fois par semaine, le plus regrettable des Nivellois dépose sa proposition de loi insolite, espérant encore faire la Une des journaux. Même Le Soir, l’agence de pub officieuse de Ryanair, ne diffuse plus ses communiqués plus alambiqués les uns que les autres.  Parmi ses plus belles échappées, rappelons l’idée du permis de nationalité à points, celle du permis pour avoir des enfants, ou plus récemment sa confusion des rôles boiteuse face aux crimes contre l'humanité commis en Libye.

Son avantage : une stratégie de communication proche de l’acharnement thérapeutique qui porte ses fruits : déjà 112 fans sur Facebook.

Son point faible : pourra-t-il tenir le rythme jusqu’à la fin de l’année ? Sa dernière proposition (l’interdiction des corridas en France) semble indiquer un léger essoufflement. Aurait-il grillé quelques cartouches dans son effort de 15 minutes en face caméra ?



Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, dans la catégorie « Et ma langue, c’est du MDF ? »

Politicard catho recyclable (mais dans quel sac ?), Stefaan De Clerck s’illustre régulièrement par ses prises de positions ultra-conservatrices. Dernière en date, sa sortie sur l’amnistie des collaborateurs de guerre n’aurait pas vraiment tranché dans une Flandre qui avance de plus en plus au bruit de bottes. « Se montrer adulte et savoir oublier », rien de choquant au nord du pays. Sauf qu’au moment de se rétracter, De Clerck empoche la victoire d’étape avec un argument massue : l'erreur de traduction alors qu'il ne s'exprimait pas dans sa langue maternelle. Argument génial, mais loin de faire l'unanimité.

Son avantage : déjà plus de 10 ans d’expérience au service de la connerie universelle.

Son point faible : une certaine tendance à être trop vite satisfait de sa prestation.

Vic Van Aelst, avocat et nouvelle recrue de la N-VA dans la catégorie « Speak Flemish or Die »

Un petit jeune qui monte, qui monte. Déclarations tonitruantes dignes du Voorpost, aucune retenue dans le propos, la haine qui se vomit par hectolitres. Vic Van Aelst, nouvelle recrue du premier parti du pays, ne s’en cache pas : il a la haine du francophone et il compte bien la répandre partout en Flandre. Les idées de « viol de la langue flamande » par les francophones, de « colonisation » et de solidarité envers les Turcs plutôt qu’envers les Wallons  ont produit leur effet. Vic est désormais également connu au sud du pays. Ceci dit, il serait faux de croire que ses exploits sont inattendus. Il s’était déjà illustré par le passé par ses positions, disons, heu, complaisantes à l’égard d’un certain racisme ambiant. Evidemment, Vic en garde sous la pédale. Reste à savoir si son attaque ultime (« Un bon francophone est un francophone mort »), qu’il compte placer en toute fin de parcours, surprendra encore les vieux crocodiles du peloton.

Son avantage : toujours plus loin, toujours plus fort s’il évite les contrôles anti-dopage.

Son point faible : beaucoup de concurrence au sein de son équipe. Il pourrait faire de l’ombre au capitaine et se retrouver contraint de céder son bidon dans les derniers kilomètres d’ascension.

Alexandre Mitea, (apprenti) journaliste à la RTBF

C’est un autre petit jeune qui monte, qui monte. Mais au sud du pays, cette fois. Alexandre Mitea, c’est le journalisme caca-boudin dans la grande tradition des Michel Bouffioulx, Gilbert Dupont ou Pascal Vrebos. C’est le gars qui rêvait d’être journaliste et qui s’est réveillé un matin avec un micro. C’est RTL-TVI, mais sur les antennes du boulevard Reyers. On retiendra bien entendu son « reportage » sur les funérailles de Marie-Rose Morel, qui a froissé toute la Flandre. Un reportage merdeux, moins sur le fond (nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensions de l’intéressée) que sur la forme : un billet bête, mal torché, mal recoupé, sans aucun travail de recherche et qui ne donne la parole à aucun des intéressés. Bref, le petit Alexandre veut jouer aux éditorialistes engagés mais oublie de relire ses cours de journalisme avant de sauter la tête la première. Résultat : alors qu’il tenait un sujet vraiment polémique, il réussit à planter le débat avec des fautes professionnelles dignes d’un stagiaire à AB3. Ses errements déontologiques jettent une nouvelle fois le discrédit sur les médias francophones, par effet de ricochet. Depuis lors, il tente tant bien que mal de se refaire un nom dans le milieu en ternissant encore un peu plus l’image de la Wallonie. Mais une fois qu’on a flirté avec le caniveau, difficile d’en ressortir.

Son avantage : une belle gueule qui pourrait lui valoir un premier rôle dans un éventuel remake de CHIPS.

Son point faible : qui regarde encore la télé aujourd’hui ?

Michel De Herde, échevin du budget à Schaerbeek (FDF)

Personne ne semble s’en émouvoir, mais Michel De Herde, c’est un peu toutes les causes de la crise financière de 2008 concentrées dans quelques phrases mal placées. Resituons : via leur participation dans le Holding communal, la plupart des communes belges sont actionnaires de la banque en faillite virtuelle Dexia. Cette participation rapporte, en cas de bonne santé financière, des dividendes aux actionnaires. Michel De Herde mène depuis le début de la crise la fronde des communes qui s’offusquent de ne plus percevoir les dividendes annuels liés à leur investissement. Un dividende de 13% (!!!), inscrit au budget communal. Michel De Herde ignore ainsi plusieurs réalités. Primo, être actionnaire, c’est courir un risque (dans ce cas, avec l’argent du contribuable). Commune ou pas, tout le monde est logé à la même enseigne. Quand on place son blé dans des actions, on risque de tout perdre. Secundo, exiger 13% de dividende, c’est justement ce que font les Hedge Funds qui ont foutu toute l’économie mondiale au tapis. Un peu de bon sens ne ferait de tort à personne. Non, vraiment Michel, tu es trop con…

Son avantage : il ne semble pas avoir pris conscience de son statut de favori et n’est soumis à aucune pression.

Son point faible : tout le monde se contrefiche de la finance.

Gros cons de l'année : la compétition se poursuit, avec vote des internautes en décembre. La présentation des favoris continuera avec les autres catégories et les pronostics toujours affûtés de Niaco. 

vendredi 10 juin 2011

Mondes parallèles

Je rentrais du boulot, 20 minutes de marche, il pleuvait des seaux. Mon froc imbibé d'eau pesait bien 5 kilos, et l'eau qui ruisselait du haut de mon crâne me creusait des rides par érosion. Même ma veste en gore-tex commençait à douter de son imperméabilité. Bref, je marche le long du boulevard sous une putain de drache.

Je marche depuis un quart d'heure quand arrive en face de moi un type en short, son sac à dos sur la tête en guise de capuchon. Moi, j'ai la gueule du mec qu'on a balancé à la flotte tout habillé. Nos regards se croisent, et nous échangeons un sourire rigolard devant nos dégaines respectives, sans se parler ni s'arrêter.

Je continue ma route trempé mais hilare.

Sur le boulevard, avec la pluie et l'heure de pointe, c'est tout bouché. Je regarde les gens bien au sec dans leur bagnole.


Ils tirent tous la gueule.


(PS: petite dédicace à Anne pour le titre)

vendredi 3 juin 2011

Le jour de la marmotte de Schrödinger

Quelque chose cloche dans la réalité.

Ca a commencé au mois de mars, avec des températures douces et un temps sec. Au début je n'ai rien vu, trop heureux de profiter d'un peu soleil après l'hiver. Pour une fois qu'il ne pleut pas dans ce pays merde, j'allais pas commencer à me plaindre. En fait, j'en ai tellement profité que je ne me suis pas rendu compte qu'il n'avait pas plu du tout. En Belgique. En mars. Mon grand-père a bien essayé de m'avertir entre deux quintes de toux glaireuses mais depuis qu'il se chie dessus, je ne m'approche plus assez pour comprendre ce qu'il raconte: quand il disait "giboulées", j'entendais 'sales bougnoules". Saloperies de préjugés. Si le vieux était pas aussi raciste, j'aurais vu les choses venir.

Il y a bien eu Fukushima, mais, distrait par les premières mini-jupes et le dernier Mortal Kombat, je n'ai prêté qu'une oreille distraite aux bulletins annonçant que le nuage radioactif atteindrait l'Europe mais épargnerait la Belgique. Quand j'en ai parlé à mes amis, bien plus tard, ils m'ont traité de naïf et m'ont ri au nez d'avoir avalé la "propagande" gouvernementale. Bien que nous n'ayons toujours pas de gouvernement, mon esprit, trop occupé à savourer une Rochefort en terrasse, ne s'attarde pas sur la faiblesse de l'argument.

Arrive avril. Fidèle au proverbe, je ne me découvre pas d'un fil. J'évite également de lever les bras car mon gros pull en laine me fait des auréoles comme les étangs d'Ixelles. 25 degrés à l'ombre. Le temps est passé de l'hiver à l'été sans se perdre en préliminaires, à l'inverse des négociations gouvernementales. Autour de moi, une euphorie estivale s'installe. Les pouffiasses se réjouissent des économies qu'elles vont faire en bancs solaires, le marchand de gaufres se transforme en marchand de glaces, on voit même passer un ou deux connards en quad. Tout le monde se sent en vacances, et profite du beau temps qui pourrait changer du jour au lendemain. Sauf moi, dont le col roulé et les moonboots dénotent dans la foule des filles en sandales et des mecs en marcel. Les gens me regardent d'un drôle d'air, alors que je suis le seul à porter des vêtements de saison. Je me console dans la mesquinerie, et attends avec une joie mauvaise le retour aux normales saisonnières (froid déprimant et pluie dégueulasse). En vain.

Mai. Ma grand-mère, dont les douleurs aux genoux prédisent l'arrivée de l'orage, s'est mise au skate-board et à l'escalade. Cette fois, c'est sûr quelque chose cloche. Les beaux jours s'enchaînent avec une constance qui n'a d'égale que la monotonie des négociations institutionnelles. Le soleil est devenu aussi normal que les insultes de la N-VA. La psyché collective voit la formation du gouvernement et le prochain orage de la même façon, comme des événements inévitables, mais tellement éloignés dans le temps qu'il n'est pas nécessaire de s'en préoccuper. Trop heureux d'avoir troqué mes moonboots pour une paire de sandales, je partage un temps cette insouciance.

L'affaire du volcan islandais la fera voler en éclats: alors que c'est le branle-bas de combat dans l'espace aérien européen, le nuage de cendres épargne la Belgique. Comme pour Fukushima. Mon instinct de policier trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (9 saisons des Experts, sans parler des spin-offs) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Starsky et Hutch, Matt Houston sans oublier Rick Hunter), ça vous affûte le sixième sens comme un Gillette 15 lames.

Je lance mon enquête, mais j'ai beau utiliser toutes les ficelles du métier, je piétine: aucun dealer noir ne semble savoir quoi ce soit. L'actualité belge varie aussi peu que la météo: la N-VA insulte les francophones plus ou moins ouvertement, lesquels s'appliquent à faire semblant de n'avoir rien entendu. Par contre, ailleurs ça remue pas mal: DSK arrêté, les indignés en Espagne, le foutoir en Libye, Mladic arrêté, les concombres tueurs en Allemagne, puis partout en Europe. Partout? Vraiment? Non, une fois de plus, la Belgique est épargnée.

Mon instinct de scientifique trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (Star Trek, Star Wars, Starship Troopers) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Star Wars, Star Trek, Starmania), ça vous affûte le sixième sens comme un sabre laser.

Je reviens donc aux faits: un climat anormalement clément qui semble se prolonger indéfiniment, des négociations qui semblent se répéter à l'infini, des catastrophes qui évitent systématiquement la Belgique... Bon sang! mais c'est bien sûr: la réalité a été altérée. Nous vivons dans une bulle régie par des lois qui n'ont plus aucun lien avec le monde réel. La preuve: les Diables Rouges auraient toutes leurs chances contre la Turquie, et les supporters sont derrière eux.


Fort de ma découverte, je cherche un moyen de retourner dans le monde normal, bien que ce serait pas mal de voir une fois les Diables Rouges gagner...


Nous sommes maintenant en septembre. Il fait toujours 25 degrés à l'ombre. Le soleil se couche à 22h30 depuis juin, et le ciel est si dégagé qu'on envisage de remplacer la centrale de Tihange par des panneaux solaires. Une seule chose évolue: les insultes de la N-VA. De plus en plus ouvertes, de plus en plus méprisantes. Hier, De Wever a traité Di Rupo de "sale pédale à noeud pap'" et j'ai bien vu qu'Elio avait du mal à faire semblant d'entendre "la réforme de l'Etat". Depuis l'échec de sa mission de formatteur (avec deux T, pour éviter de nouvelles élections), Elio et ses copains encaissent pas mal. Il faut dire que la N-VA ne peut pas contrôler tout ce que disent ses 30.000 membres, qui eux ne se gênent pas pour donner leur avis à la télé.


J'ai l'impression qu'on est quelque part entre Un Jour sans fin et le chat de Schrödinger: le jour où un politicien francophone traitera enfin la N-VA de sales fachos de merde, et brisera ce statu quo illusoire, la pluie, les cendres radioactives, les concombres tueurs et tout le reste du monde réel nous tomberont sur la gueule d'un seul coup.

J'ai l'impression qu'on l'aura un peu cherché, quand même.

mercredi 4 mai 2011

Les coulisses d'une campagne avortée

De notre envoyé spécial à Islamabad.

Samedi 30 avril : on s'active au service de presse d'Al Qaeda. Il faut dire qu'on est sur le point de lancer la plus grande campagne marketing de l'année. Un budget de 5,4 millions de dollars pour une action publicitaire d'envergure internationale. Derrière son MacBook, le directeur marketing de l'organisation terroriste explique : "Avec l'essor des nouvelles technologies, nous sommes désormais obligés de raisonner en termes de time-to-market. Une campagne comme celle-ci, c'est une année complète de travail, cinq créatifs à temps plein, le concours d'une vingtaine de consultants en planning stratégique et d'une agence média. Néanmoins, tout ce travail peut se retrouver réduit en miettes pour une simple erreur de calendrier."

Dans son grand bureau prêté par les Talibans pour l'occasion, Jacques Séguéla ne quitte plus sa Rolex des yeux. Le compte à rebours a commencé. Encore quelques heures et il pourra lancer la campagne de sa vie, l'aboutissement de toute une carrière passée au service de la réclame. Il se souvient encore de la promesse qu'il a formulée au chef des enturbannés : "Tu me demandes de t'offrir Dieu. Moi je vais plus loin : je te fais Dieu." Promesse qui justifie amplement ses honoraires de 1.000 dollars l'heure.

Tout d'un coup, ça s'agite. Le chargé de clientèle, qui s'apprêtait à sabrer le champagne, demande à l'assistante de production d'arrêter de tartiner les biscottes aux rillettes. D'un seul bond, toute la salle se lève et braque les yeux sur l'écran plasma qui orne le mur de la salle de rédaction. Le directeur marketing bouscule ses subalternes, se plante net devant l'écran et découvre les images de l'allocution du président américain. D'un geste vif, il frotte les restes d'un rail de pure colombienne qui lui irrite encore la base des narines et marmonne dans sa barbe drue : "Fils de pute..."

Séguéla accourt, mais il est trop tard. "Les Burgers nous ont devancés. Ta stratégie médias, c'était de la merde, Jacques. DE LA MERDE !" Le roi de la pub se retourne, l'air interrogateur, vers le chargé de clientèle, raide comme pied de chaise à côté d'un flipchart qui résume les grands axes de la campagne à coup de parisianismes savants : territoires de communication, stratégies de contenus, leadership international, diversification marchés, web 3.0,  rétention clients, captation par la confusion, appel à la mémoire affective, le modèle McDo, etc.

Le consultant en chef en prend pour son grade : "Jacques, toi et tes claque-merdes, vous êtes virés. Tes honoraires, tu peux te les foutre au cul. Et tu dis à ta salope d'assistante de production de reboutonner son chemisier Chanel et de ramener ses rillettes qui puent dans le XVIe. Vous décollez pour Paris avec le premier avion. C'est Moktar qui pilote." 

Séguéla, décontenancé, remballe son laptop dans son sac Louis Vuitton. Avant de quitter les lieux, il se fait interpeler une dernière fois par le directeur marketing : "Jacques ! N'oublie pas que c'est Moktar qui pilote. Faites gaffe à ne pas accrocher la Tour de la Défense en rentrant ! Hahaha !" La blague fait son effet dans la salle de rédaction qui résonne des rires gras de l'assemblée. Dans l'ascenseur Schindler, Séguéla confie à voix basse à l'assistante de production : "Dans ma carrière, j'ai servi tous les pourris de cette planète. Je me suis mis à plat ventre devant les plus grands salauds. Mais y'a pas à dire, ces Islamistes, je ne comprendrai jamais rien à leur humour..."

En exclusivité : le communiqué de presse qui était censé être publié par Al Quaeda ce 1er mai et que nous avons retrouvé dans une poubelle, au milieu des boîtes de rillettes.

Al-Qaeda annonce la mort du président américain Barack Obama

Islamabad, 1er mai 2011. La fête du muguet aura des relents amers de New York à Los Angeles, cette année. L'organisation islamiste Al Qaeda annonce par la présente avoir capturé et assassiné le président américain Barack Obama, lors d'un raid opéré sur le restaurant McDonald's de Millau, dans l'Aveyron. Les autorités françaises n'ont pas apporté leur soutien logistique à l'opération. 

Aucun jihadiste n'a été blessé dans l'opération. Le corps sans vie du président américain - que l'on peut découvrir sur cette photo qui ne laisse aucun doute planer quant à sa mort - a été, dans le respect des traditions occidentales, transformé en viande hachée et réintégré dans la chaîne alimentaire. "Justice est faite" s'est écrié le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en commentant la nouvelle. "Tous les musulmans du monde vont enfin pouvoir vivre en paix." Cette victoire d'Al Qaeda marque la fin de l'hégémonie américaine.
Pour fêter l'événement, Al Qaeda lance dès aujourd'hui une grande opération promotionnelle en partenariat avec les magasins Carrefour : les cartes à collectionner des présidents américains morts.