jeudi 23 juin 2011

Les secrets du programme de Laurent Louis enfin dévoilés

La poésie Babel Fish (du nom de l’outil de traduction automatique de Yahoo!) est un mouvement littéraire encore peu connu mais qui mérite toute notre attention. Le procédé est très simple : il s’agit de faire transiter un texte original par plusieurs étapes d’un outil de traduction automatique, quel qu’il soit. Le texte original est ainsi traduit dans une langue étrangère A. Le résultat est traduit à son tour dans une langue étrangère B. Et ainsi de suite, avant de revenir, en bout de chaîne, à une traduction vers la langue d’origine. Le résultat ainsi obtenu surprend souvent par son caractère surréaliste, le texte final n’ayant pratiquement plus rien à voir avec l’objet initial. Evidemment, plus le texte a transité par des langues différentes, plus importante sera l’altération de sa signification. La technologie se charge d’inventer de nouveaux sens à nos mots, ce qui aura de quoi occuper les philosophes du langage pendant encore quelques années : l’intelligence artificielle peut-elle générer du sens ?

Parfois, la poésie Babel Fish semble s’octroyer des pouvoirs paranormaux. Ainsi, qui pourra expliquer par quelle force occulte un texte a priori anodin, après être passé à la moulinette du Babel Fish, s’est transformé en ce qui ressemble furieusement au… programme électoral de Laurent Louis, le président du MLD ? A coup sûr, internet nous réserve encore de nombreuses surprises.

Voici donc le texte obtenu après traduction via Google Translation selon le parcours suivant : français, anglais, albanais, espagnol, néerlandais, tchèque, swahili, hongrois, créole haïtien, finnois, basque et enfin retour à la case départ : français.

« Enseignement supérieur ainsi que le traitement est tout simplement impossible de tige de la personne moyenne. Il devrait être sous la forme d'une longueur merus, la distance entre la bouche et à l'épaule semble. Vous pouvez tirer vos yeux ouverts, parce que le réflexe de sa naissance. Sont physiquement en mesure d'arrêter le temps éternuements urinuar.Jet allait se poursuivre. Certains sont des experts, ainsi que caca et pipi dans la même force que d'habitude. Contrairement à la littérature, beaucoup d'entre nous peut réduire piège la bouche du patient. C'est probablement la preuve de l'organisme humain est parfait comme vous pouvez imaginer. »

Et le texte original. La coïncidence est édifiante.

« Selon une doctrine encore fort bien implantée au sein de la profession médicale, il serait tout bonnement impossible pour un être humain normalement constitué de se lécher le coude. Apparemment, la raison serait à chercher du côté de la différence entre la longueur de l’humérus et la distance qui sépare notre bouche de notre épaule. De même, il ne serait pas non plus possible d’éternuer en gardant les yeux ouverts, à cause d’une sorte de réflexe inné. On peut également s’étonner d’être physiquement incapable d’éternuer en continuant d’uriner. Le jet s’interrompt automatiquement au moment de l’éternuement. Certains praticiens constatent de surcroît qu’uriner et déféquer simultanément relèverait également de l’exploit surhumain. Par contre, la littérature relève bien plusieurs cas de patients surpris en train de déféquer par la bouche. C’est bien là la preuve que le corps humain n’est peut-être pas aussi parfait qu’on pourrait le croire. »  

Je vous laisse le soin de vérifier par vous-même la ressemblance sur le site officiel du MLD ou même sur le blog de Laurent Louis.

samedi 11 juin 2011

Les gros cons de l’année : le bilan des Belges à mi-parcours (les favoris selon AL)

Juste avant les vacances estivales, il est peut-être de bon ton de tirer un premier bilan. Le classement général n’est toujours que provisoire mais on sent le titre de plus en plus convoité, tant les candidats à la victoire finale rivalisent d’ingéniosité pour sortir du peloton et espérer franchir la ligne d’arrivée en tête. A six mois des votes pour attribuer la palme du gros con de l’année, ça frotte, ça parade, ça gratte de la patte. Chacun y va de sa propre tactique : toujours à l’attaque façon Jacky Durand, discrètement installé en queue de groupe en attendant les Alpes comme l’infâme Miguel Indurain ou prêt à tout miser sur un seul exploit à la manière de Laurent Jalabert.

Liste non exhaustive mais hautement subjective, voici mon premier bilan des Belges après bientôt six mois de compétition.

Le député et président du MLD Laurent Louis, pour sa régularité et son abnégation

S’il ne passe pas les Champs avec le maillot jaune, Laurent Louis emportera à coup sûr la vareuse de la combativité. Au moins une fois par semaine, le plus regrettable des Nivellois dépose sa proposition de loi insolite, espérant encore faire la Une des journaux. Même Le Soir, l’agence de pub officieuse de Ryanair, ne diffuse plus ses communiqués plus alambiqués les uns que les autres.  Parmi ses plus belles échappées, rappelons l’idée du permis de nationalité à points, celle du permis pour avoir des enfants, ou plus récemment sa confusion des rôles boiteuse face aux crimes contre l'humanité commis en Libye.

Son avantage : une stratégie de communication proche de l’acharnement thérapeutique qui porte ses fruits : déjà 112 fans sur Facebook.

Son point faible : pourra-t-il tenir le rythme jusqu’à la fin de l’année ? Sa dernière proposition (l’interdiction des corridas en France) semble indiquer un léger essoufflement. Aurait-il grillé quelques cartouches dans son effort de 15 minutes en face caméra ?



Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, dans la catégorie « Et ma langue, c’est du MDF ? »

Politicard catho recyclable (mais dans quel sac ?), Stefaan De Clerck s’illustre régulièrement par ses prises de positions ultra-conservatrices. Dernière en date, sa sortie sur l’amnistie des collaborateurs de guerre n’aurait pas vraiment tranché dans une Flandre qui avance de plus en plus au bruit de bottes. « Se montrer adulte et savoir oublier », rien de choquant au nord du pays. Sauf qu’au moment de se rétracter, De Clerck empoche la victoire d’étape avec un argument massue : l'erreur de traduction alors qu'il ne s'exprimait pas dans sa langue maternelle. Argument génial, mais loin de faire l'unanimité.

Son avantage : déjà plus de 10 ans d’expérience au service de la connerie universelle.

Son point faible : une certaine tendance à être trop vite satisfait de sa prestation.

Vic Van Aelst, avocat et nouvelle recrue de la N-VA dans la catégorie « Speak Flemish or Die »

Un petit jeune qui monte, qui monte. Déclarations tonitruantes dignes du Voorpost, aucune retenue dans le propos, la haine qui se vomit par hectolitres. Vic Van Aelst, nouvelle recrue du premier parti du pays, ne s’en cache pas : il a la haine du francophone et il compte bien la répandre partout en Flandre. Les idées de « viol de la langue flamande » par les francophones, de « colonisation » et de solidarité envers les Turcs plutôt qu’envers les Wallons  ont produit leur effet. Vic est désormais également connu au sud du pays. Ceci dit, il serait faux de croire que ses exploits sont inattendus. Il s’était déjà illustré par le passé par ses positions, disons, heu, complaisantes à l’égard d’un certain racisme ambiant. Evidemment, Vic en garde sous la pédale. Reste à savoir si son attaque ultime (« Un bon francophone est un francophone mort »), qu’il compte placer en toute fin de parcours, surprendra encore les vieux crocodiles du peloton.

Son avantage : toujours plus loin, toujours plus fort s’il évite les contrôles anti-dopage.

Son point faible : beaucoup de concurrence au sein de son équipe. Il pourrait faire de l’ombre au capitaine et se retrouver contraint de céder son bidon dans les derniers kilomètres d’ascension.

Alexandre Mitea, (apprenti) journaliste à la RTBF

C’est un autre petit jeune qui monte, qui monte. Mais au sud du pays, cette fois. Alexandre Mitea, c’est le journalisme caca-boudin dans la grande tradition des Michel Bouffioulx, Gilbert Dupont ou Pascal Vrebos. C’est le gars qui rêvait d’être journaliste et qui s’est réveillé un matin avec un micro. C’est RTL-TVI, mais sur les antennes du boulevard Reyers. On retiendra bien entendu son « reportage » sur les funérailles de Marie-Rose Morel, qui a froissé toute la Flandre. Un reportage merdeux, moins sur le fond (nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensions de l’intéressée) que sur la forme : un billet bête, mal torché, mal recoupé, sans aucun travail de recherche et qui ne donne la parole à aucun des intéressés. Bref, le petit Alexandre veut jouer aux éditorialistes engagés mais oublie de relire ses cours de journalisme avant de sauter la tête la première. Résultat : alors qu’il tenait un sujet vraiment polémique, il réussit à planter le débat avec des fautes professionnelles dignes d’un stagiaire à AB3. Ses errements déontologiques jettent une nouvelle fois le discrédit sur les médias francophones, par effet de ricochet. Depuis lors, il tente tant bien que mal de se refaire un nom dans le milieu en ternissant encore un peu plus l’image de la Wallonie. Mais une fois qu’on a flirté avec le caniveau, difficile d’en ressortir.

Son avantage : une belle gueule qui pourrait lui valoir un premier rôle dans un éventuel remake de CHIPS.

Son point faible : qui regarde encore la télé aujourd’hui ?

Michel De Herde, échevin du budget à Schaerbeek (FDF)

Personne ne semble s’en émouvoir, mais Michel De Herde, c’est un peu toutes les causes de la crise financière de 2008 concentrées dans quelques phrases mal placées. Resituons : via leur participation dans le Holding communal, la plupart des communes belges sont actionnaires de la banque en faillite virtuelle Dexia. Cette participation rapporte, en cas de bonne santé financière, des dividendes aux actionnaires. Michel De Herde mène depuis le début de la crise la fronde des communes qui s’offusquent de ne plus percevoir les dividendes annuels liés à leur investissement. Un dividende de 13% (!!!), inscrit au budget communal. Michel De Herde ignore ainsi plusieurs réalités. Primo, être actionnaire, c’est courir un risque (dans ce cas, avec l’argent du contribuable). Commune ou pas, tout le monde est logé à la même enseigne. Quand on place son blé dans des actions, on risque de tout perdre. Secundo, exiger 13% de dividende, c’est justement ce que font les Hedge Funds qui ont foutu toute l’économie mondiale au tapis. Un peu de bon sens ne ferait de tort à personne. Non, vraiment Michel, tu es trop con…

Son avantage : il ne semble pas avoir pris conscience de son statut de favori et n’est soumis à aucune pression.

Son point faible : tout le monde se contrefiche de la finance.

Gros cons de l'année : la compétition se poursuit, avec vote des internautes en décembre. La présentation des favoris continuera avec les autres catégories et les pronostics toujours affûtés de Niaco. 

vendredi 10 juin 2011

Mondes parallèles

Je rentrais du boulot, 20 minutes de marche, il pleuvait des seaux. Mon froc imbibé d'eau pesait bien 5 kilos, et l'eau qui ruisselait du haut de mon crâne me creusait des rides par érosion. Même ma veste en gore-tex commençait à douter de son imperméabilité. Bref, je marche le long du boulevard sous une putain de drache.

Je marche depuis un quart d'heure quand arrive en face de moi un type en short, son sac à dos sur la tête en guise de capuchon. Moi, j'ai la gueule du mec qu'on a balancé à la flotte tout habillé. Nos regards se croisent, et nous échangeons un sourire rigolard devant nos dégaines respectives, sans se parler ni s'arrêter.

Je continue ma route trempé mais hilare.

Sur le boulevard, avec la pluie et l'heure de pointe, c'est tout bouché. Je regarde les gens bien au sec dans leur bagnole.


Ils tirent tous la gueule.


(PS: petite dédicace à Anne pour le titre)

vendredi 3 juin 2011

Le jour de la marmotte de Schrödinger

Quelque chose cloche dans la réalité.

Ca a commencé au mois de mars, avec des températures douces et un temps sec. Au début je n'ai rien vu, trop heureux de profiter d'un peu soleil après l'hiver. Pour une fois qu'il ne pleut pas dans ce pays merde, j'allais pas commencer à me plaindre. En fait, j'en ai tellement profité que je ne me suis pas rendu compte qu'il n'avait pas plu du tout. En Belgique. En mars. Mon grand-père a bien essayé de m'avertir entre deux quintes de toux glaireuses mais depuis qu'il se chie dessus, je ne m'approche plus assez pour comprendre ce qu'il raconte: quand il disait "giboulées", j'entendais 'sales bougnoules". Saloperies de préjugés. Si le vieux était pas aussi raciste, j'aurais vu les choses venir.

Il y a bien eu Fukushima, mais, distrait par les premières mini-jupes et le dernier Mortal Kombat, je n'ai prêté qu'une oreille distraite aux bulletins annonçant que le nuage radioactif atteindrait l'Europe mais épargnerait la Belgique. Quand j'en ai parlé à mes amis, bien plus tard, ils m'ont traité de naïf et m'ont ri au nez d'avoir avalé la "propagande" gouvernementale. Bien que nous n'ayons toujours pas de gouvernement, mon esprit, trop occupé à savourer une Rochefort en terrasse, ne s'attarde pas sur la faiblesse de l'argument.

Arrive avril. Fidèle au proverbe, je ne me découvre pas d'un fil. J'évite également de lever les bras car mon gros pull en laine me fait des auréoles comme les étangs d'Ixelles. 25 degrés à l'ombre. Le temps est passé de l'hiver à l'été sans se perdre en préliminaires, à l'inverse des négociations gouvernementales. Autour de moi, une euphorie estivale s'installe. Les pouffiasses se réjouissent des économies qu'elles vont faire en bancs solaires, le marchand de gaufres se transforme en marchand de glaces, on voit même passer un ou deux connards en quad. Tout le monde se sent en vacances, et profite du beau temps qui pourrait changer du jour au lendemain. Sauf moi, dont le col roulé et les moonboots dénotent dans la foule des filles en sandales et des mecs en marcel. Les gens me regardent d'un drôle d'air, alors que je suis le seul à porter des vêtements de saison. Je me console dans la mesquinerie, et attends avec une joie mauvaise le retour aux normales saisonnières (froid déprimant et pluie dégueulasse). En vain.

Mai. Ma grand-mère, dont les douleurs aux genoux prédisent l'arrivée de l'orage, s'est mise au skate-board et à l'escalade. Cette fois, c'est sûr quelque chose cloche. Les beaux jours s'enchaînent avec une constance qui n'a d'égale que la monotonie des négociations institutionnelles. Le soleil est devenu aussi normal que les insultes de la N-VA. La psyché collective voit la formation du gouvernement et le prochain orage de la même façon, comme des événements inévitables, mais tellement éloignés dans le temps qu'il n'est pas nécessaire de s'en préoccuper. Trop heureux d'avoir troqué mes moonboots pour une paire de sandales, je partage un temps cette insouciance.

L'affaire du volcan islandais la fera voler en éclats: alors que c'est le branle-bas de combat dans l'espace aérien européen, le nuage de cendres épargne la Belgique. Comme pour Fukushima. Mon instinct de policier trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (9 saisons des Experts, sans parler des spin-offs) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Starsky et Hutch, Matt Houston sans oublier Rick Hunter), ça vous affûte le sixième sens comme un Gillette 15 lames.

Je lance mon enquête, mais j'ai beau utiliser toutes les ficelles du métier, je piétine: aucun dealer noir ne semble savoir quoi ce soit. L'actualité belge varie aussi peu que la météo: la N-VA insulte les francophones plus ou moins ouvertement, lesquels s'appliquent à faire semblant de n'avoir rien entendu. Par contre, ailleurs ça remue pas mal: DSK arrêté, les indignés en Espagne, le foutoir en Libye, Mladic arrêté, les concombres tueurs en Allemagne, puis partout en Europe. Partout? Vraiment? Non, une fois de plus, la Belgique est épargnée.

Mon instinct de scientifique trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (Star Trek, Star Wars, Starship Troopers) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Star Wars, Star Trek, Starmania), ça vous affûte le sixième sens comme un sabre laser.

Je reviens donc aux faits: un climat anormalement clément qui semble se prolonger indéfiniment, des négociations qui semblent se répéter à l'infini, des catastrophes qui évitent systématiquement la Belgique... Bon sang! mais c'est bien sûr: la réalité a été altérée. Nous vivons dans une bulle régie par des lois qui n'ont plus aucun lien avec le monde réel. La preuve: les Diables Rouges auraient toutes leurs chances contre la Turquie, et les supporters sont derrière eux.


Fort de ma découverte, je cherche un moyen de retourner dans le monde normal, bien que ce serait pas mal de voir une fois les Diables Rouges gagner...


Nous sommes maintenant en septembre. Il fait toujours 25 degrés à l'ombre. Le soleil se couche à 22h30 depuis juin, et le ciel est si dégagé qu'on envisage de remplacer la centrale de Tihange par des panneaux solaires. Une seule chose évolue: les insultes de la N-VA. De plus en plus ouvertes, de plus en plus méprisantes. Hier, De Wever a traité Di Rupo de "sale pédale à noeud pap'" et j'ai bien vu qu'Elio avait du mal à faire semblant d'entendre "la réforme de l'Etat". Depuis l'échec de sa mission de formatteur (avec deux T, pour éviter de nouvelles élections), Elio et ses copains encaissent pas mal. Il faut dire que la N-VA ne peut pas contrôler tout ce que disent ses 30.000 membres, qui eux ne se gênent pas pour donner leur avis à la télé.


J'ai l'impression qu'on est quelque part entre Un Jour sans fin et le chat de Schrödinger: le jour où un politicien francophone traitera enfin la N-VA de sales fachos de merde, et brisera ce statu quo illusoire, la pluie, les cendres radioactives, les concombres tueurs et tout le reste du monde réel nous tomberont sur la gueule d'un seul coup.

J'ai l'impression qu'on l'aura un peu cherché, quand même.