vendredi 21 octobre 2011

Kadhafi : le résultat d'une traque acharnée de plus de 10 ans

La nouvelle est tombée hier dans l'après-midi : le colonel Kadhafi a été capturé, mort. La mort du dictateur libyen lui évitera un procès... et permettra surtout à ses amis d'hier de sortir indemnes d'une procédure en justice où le risque de sortir les cadavres des placards était plus que compromettant.

Prenons toutefois le temps de revenir sur plus de 10 années d'une traque acharnée menée par les leaders politiques occidentaux pour capturer le despote sanguinaire.

Guy Verhofstadt et Louis Michel : la main qui glisse

En 2004, Louis Michel prend le thé avec celui qu'il pense être le Père Fouettard. Il lui rappelle qu'il aimerait cette année que le double maléfique de St-Nicolas dépose quelques nouvelles casseroles dans la cheminée du Parti Socialiste. Néanmoins, en cours d'entretien, le père Michel est pris d'un doute : cet accent nord-africain, ce maquillage trop clair... Serait-ce un imposteur ? 



Le leader réformateur fait alors appel au Premier Ministre de l'époque Guy Verhofstadt pour en avoir le coeur net.

- Dis Guy, ce pei prétend être le Père Fouettard. Tu ne le trouves pas un peu pâle ?
- Tu es con ou quoi ? C'est Kadhafi ! Attends, je vais faire semblant de lui serrer la main et je vais l'attraper. On le livrera ensuite à la justice qui le jugera pour ses crimes odieux.


Hop, un petit sourire, je serre, je serre... 



Ne pas le lâcher. Ne pas le lâcher...


Foert ! Il a glissé. Saloperie de pousse-mousse super hydratant. Je n'aurais jamais dû me laver les mains après être allé pisser.

Nicolas Sarkozy : "Je vais te nettoyer ta yourte au Kärcher !"

Peu après son accession à la présidence de la République française, Nicolas Sarkozy convoque à Paris Alexandre Bouglione. Les deux hommes souhaitent s'entretenir de juteux contrats de coopération humanitaire, notamment dans les domaines du nucléaire civil et de l'armement. Sans son maquillage, le célèbre clown est méconnaissable, mais quand même reçu en grandes pompes à l'Elysée.




Les premiers doutes s'installent lorsque le présumé Bouglione demande à pouvoir monter son chapiteau dans les jardins de l'Elysée. Sarkozy devient perplexe : tout ceci ressemble bel et bien à un cirque, mais où sont les éléphants et les trapézistes ?

 

Quelques mois plus tard, lors du sommet de Lisbonne, le président français se rend compte de la supercherie et reconnaît Alexandre Bouglione dans l'assemblée, mais assis à la table de la représentation libyenne. Ni une, ni deux, Sarkozy le met en garde :

- Alex, je sais que l'humour est ton métier, mais ce n'est pas bien de te faire passer pour Kadhafi : ça pourrait t'attirer des ennuis. Et au passage, tu ferais bien de venir nettoyer le bordel que tu as laissé dans ma cour. Autrement, je m'en vais te la nettoyer au Kärcher, ta yourte !

Berlusconi battu sur un coup de boule en traître

Silvio Berlusconi, de par sa proximité géographique, a plusieurs fois eu l'occasion de mettre en garde le leader libyen. Malheureusement, à chaque fois qu'il était prêt du but, le président du conseil italien a buté sur plus fort que lui, péchant par de graves lacunes en self-defense. Reconstitution d'une confrontation virile.



- Mouammar, viens donc ici que je t'embrasse. 


- C'est bon, je le tiens. Je vais tenter une clé de patte dès qu'il aura son attention détournée par cette paire de seins en plâtre subtilement érigée derrière lui.


Et puis, c'est le drame. Distrait par la présence de Johnny Hallyday, Silvio Berlusconi tombe dans un traquenard. Kadhafi l'enlace...


Il l'entraîne dans une valse assassine et...


... il lui colle un coup de boule en traître. 





Berlusconi en conservera de graves séquelles, dont une migraine chronique qui l'empêche désormais d'activer l'hémisphère gauche de son cerveau.

José Manuel Barroso : par amour du funk

Il déteste qu'on lui rappelle cet épisode, mais le président de la Commission européenne a également été à deux doigts de capturer Mouammar Kadhafi. C'est sa passion pour le funk et son célèbre déhanché qui l'ont trahi. Sa boulette n'en est que des plus regrettable. Le porte-parole de la Commission a eu bien du mal à masquer son embarras.



- Yeah James Brown ! Give me five !

Les rideaux de Tony Blair


Pas de bol non plus pour l'ancien Premier ministre britannique. Sa femme l'envoie chez Ikea pour acheter des nouveaux rideaux pour la salle de bains. "Un truc un peu plus chaud que des dauphins" exige-t-elle. Arrivé sur place, Tony Blair tombe sur un vendeur particulièrement doué qui parvient à le convaincre d'opter pour un splendide modèle représentant une oasis et des chameaux. Les deux hommes immortalisent ce grand moment de complicité commerciale. L'affaire fit scandale, Madame Blair estimant que la couleur des rideaux jurait avec le carrelage lilas. Le bon de commande étant signé, le couple dut se résigner à faire appel à Robert Mugabe pour poser un nouveau carrelage.

Le valet puant s'invite au dîner de cons

C'est une tradition à la Maison blanche : chaque année, le président organise son célèbre dîner de cons. Et comme chaque année, les invités sont les mêmes. Medvedev emmène Berlusconi, Obama fait plaisir à son copain Sarkozy et le Chinois au nom imprononçable ramène Alexandre Bouglione. Sauf qu'à un moment, quelqu'un repère la couille dans le potage...



- Berlusconi : Dis-moi Tching Tchong, tu es sûr de l'identité de ton invité ? Il ressemble méchamment au mec qui m'a collé une tête l'année dernière, même que j'ai oublié son nom parce que, depuis lors, mon cerveau ne fonctionne plus qu'à moitié...

- Sarkozy : Ta gueule Silvio. Fais semblant de rien. A la fin du dîner, on le chope et on l'oblige à venir nettoyer les crasses qu'il a laissées dans mon jardin.

Cette sélection de photos de la traque de Kadhafi n'est pas exhaustive. Bien d'autres sont à découvrir ici.

jeudi 23 juin 2011

Les secrets du programme de Laurent Louis enfin dévoilés

La poésie Babel Fish (du nom de l’outil de traduction automatique de Yahoo!) est un mouvement littéraire encore peu connu mais qui mérite toute notre attention. Le procédé est très simple : il s’agit de faire transiter un texte original par plusieurs étapes d’un outil de traduction automatique, quel qu’il soit. Le texte original est ainsi traduit dans une langue étrangère A. Le résultat est traduit à son tour dans une langue étrangère B. Et ainsi de suite, avant de revenir, en bout de chaîne, à une traduction vers la langue d’origine. Le résultat ainsi obtenu surprend souvent par son caractère surréaliste, le texte final n’ayant pratiquement plus rien à voir avec l’objet initial. Evidemment, plus le texte a transité par des langues différentes, plus importante sera l’altération de sa signification. La technologie se charge d’inventer de nouveaux sens à nos mots, ce qui aura de quoi occuper les philosophes du langage pendant encore quelques années : l’intelligence artificielle peut-elle générer du sens ?

Parfois, la poésie Babel Fish semble s’octroyer des pouvoirs paranormaux. Ainsi, qui pourra expliquer par quelle force occulte un texte a priori anodin, après être passé à la moulinette du Babel Fish, s’est transformé en ce qui ressemble furieusement au… programme électoral de Laurent Louis, le président du MLD ? A coup sûr, internet nous réserve encore de nombreuses surprises.

Voici donc le texte obtenu après traduction via Google Translation selon le parcours suivant : français, anglais, albanais, espagnol, néerlandais, tchèque, swahili, hongrois, créole haïtien, finnois, basque et enfin retour à la case départ : français.

« Enseignement supérieur ainsi que le traitement est tout simplement impossible de tige de la personne moyenne. Il devrait être sous la forme d'une longueur merus, la distance entre la bouche et à l'épaule semble. Vous pouvez tirer vos yeux ouverts, parce que le réflexe de sa naissance. Sont physiquement en mesure d'arrêter le temps éternuements urinuar.Jet allait se poursuivre. Certains sont des experts, ainsi que caca et pipi dans la même force que d'habitude. Contrairement à la littérature, beaucoup d'entre nous peut réduire piège la bouche du patient. C'est probablement la preuve de l'organisme humain est parfait comme vous pouvez imaginer. »

Et le texte original. La coïncidence est édifiante.

« Selon une doctrine encore fort bien implantée au sein de la profession médicale, il serait tout bonnement impossible pour un être humain normalement constitué de se lécher le coude. Apparemment, la raison serait à chercher du côté de la différence entre la longueur de l’humérus et la distance qui sépare notre bouche de notre épaule. De même, il ne serait pas non plus possible d’éternuer en gardant les yeux ouverts, à cause d’une sorte de réflexe inné. On peut également s’étonner d’être physiquement incapable d’éternuer en continuant d’uriner. Le jet s’interrompt automatiquement au moment de l’éternuement. Certains praticiens constatent de surcroît qu’uriner et déféquer simultanément relèverait également de l’exploit surhumain. Par contre, la littérature relève bien plusieurs cas de patients surpris en train de déféquer par la bouche. C’est bien là la preuve que le corps humain n’est peut-être pas aussi parfait qu’on pourrait le croire. »  

Je vous laisse le soin de vérifier par vous-même la ressemblance sur le site officiel du MLD ou même sur le blog de Laurent Louis.

samedi 11 juin 2011

Les gros cons de l’année : le bilan des Belges à mi-parcours (les favoris selon AL)

Juste avant les vacances estivales, il est peut-être de bon ton de tirer un premier bilan. Le classement général n’est toujours que provisoire mais on sent le titre de plus en plus convoité, tant les candidats à la victoire finale rivalisent d’ingéniosité pour sortir du peloton et espérer franchir la ligne d’arrivée en tête. A six mois des votes pour attribuer la palme du gros con de l’année, ça frotte, ça parade, ça gratte de la patte. Chacun y va de sa propre tactique : toujours à l’attaque façon Jacky Durand, discrètement installé en queue de groupe en attendant les Alpes comme l’infâme Miguel Indurain ou prêt à tout miser sur un seul exploit à la manière de Laurent Jalabert.

Liste non exhaustive mais hautement subjective, voici mon premier bilan des Belges après bientôt six mois de compétition.

Le député et président du MLD Laurent Louis, pour sa régularité et son abnégation

S’il ne passe pas les Champs avec le maillot jaune, Laurent Louis emportera à coup sûr la vareuse de la combativité. Au moins une fois par semaine, le plus regrettable des Nivellois dépose sa proposition de loi insolite, espérant encore faire la Une des journaux. Même Le Soir, l’agence de pub officieuse de Ryanair, ne diffuse plus ses communiqués plus alambiqués les uns que les autres.  Parmi ses plus belles échappées, rappelons l’idée du permis de nationalité à points, celle du permis pour avoir des enfants, ou plus récemment sa confusion des rôles boiteuse face aux crimes contre l'humanité commis en Libye.

Son avantage : une stratégie de communication proche de l’acharnement thérapeutique qui porte ses fruits : déjà 112 fans sur Facebook.

Son point faible : pourra-t-il tenir le rythme jusqu’à la fin de l’année ? Sa dernière proposition (l’interdiction des corridas en France) semble indiquer un léger essoufflement. Aurait-il grillé quelques cartouches dans son effort de 15 minutes en face caméra ?



Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, dans la catégorie « Et ma langue, c’est du MDF ? »

Politicard catho recyclable (mais dans quel sac ?), Stefaan De Clerck s’illustre régulièrement par ses prises de positions ultra-conservatrices. Dernière en date, sa sortie sur l’amnistie des collaborateurs de guerre n’aurait pas vraiment tranché dans une Flandre qui avance de plus en plus au bruit de bottes. « Se montrer adulte et savoir oublier », rien de choquant au nord du pays. Sauf qu’au moment de se rétracter, De Clerck empoche la victoire d’étape avec un argument massue : l'erreur de traduction alors qu'il ne s'exprimait pas dans sa langue maternelle. Argument génial, mais loin de faire l'unanimité.

Son avantage : déjà plus de 10 ans d’expérience au service de la connerie universelle.

Son point faible : une certaine tendance à être trop vite satisfait de sa prestation.

Vic Van Aelst, avocat et nouvelle recrue de la N-VA dans la catégorie « Speak Flemish or Die »

Un petit jeune qui monte, qui monte. Déclarations tonitruantes dignes du Voorpost, aucune retenue dans le propos, la haine qui se vomit par hectolitres. Vic Van Aelst, nouvelle recrue du premier parti du pays, ne s’en cache pas : il a la haine du francophone et il compte bien la répandre partout en Flandre. Les idées de « viol de la langue flamande » par les francophones, de « colonisation » et de solidarité envers les Turcs plutôt qu’envers les Wallons  ont produit leur effet. Vic est désormais également connu au sud du pays. Ceci dit, il serait faux de croire que ses exploits sont inattendus. Il s’était déjà illustré par le passé par ses positions, disons, heu, complaisantes à l’égard d’un certain racisme ambiant. Evidemment, Vic en garde sous la pédale. Reste à savoir si son attaque ultime (« Un bon francophone est un francophone mort »), qu’il compte placer en toute fin de parcours, surprendra encore les vieux crocodiles du peloton.

Son avantage : toujours plus loin, toujours plus fort s’il évite les contrôles anti-dopage.

Son point faible : beaucoup de concurrence au sein de son équipe. Il pourrait faire de l’ombre au capitaine et se retrouver contraint de céder son bidon dans les derniers kilomètres d’ascension.

Alexandre Mitea, (apprenti) journaliste à la RTBF

C’est un autre petit jeune qui monte, qui monte. Mais au sud du pays, cette fois. Alexandre Mitea, c’est le journalisme caca-boudin dans la grande tradition des Michel Bouffioulx, Gilbert Dupont ou Pascal Vrebos. C’est le gars qui rêvait d’être journaliste et qui s’est réveillé un matin avec un micro. C’est RTL-TVI, mais sur les antennes du boulevard Reyers. On retiendra bien entendu son « reportage » sur les funérailles de Marie-Rose Morel, qui a froissé toute la Flandre. Un reportage merdeux, moins sur le fond (nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensions de l’intéressée) que sur la forme : un billet bête, mal torché, mal recoupé, sans aucun travail de recherche et qui ne donne la parole à aucun des intéressés. Bref, le petit Alexandre veut jouer aux éditorialistes engagés mais oublie de relire ses cours de journalisme avant de sauter la tête la première. Résultat : alors qu’il tenait un sujet vraiment polémique, il réussit à planter le débat avec des fautes professionnelles dignes d’un stagiaire à AB3. Ses errements déontologiques jettent une nouvelle fois le discrédit sur les médias francophones, par effet de ricochet. Depuis lors, il tente tant bien que mal de se refaire un nom dans le milieu en ternissant encore un peu plus l’image de la Wallonie. Mais une fois qu’on a flirté avec le caniveau, difficile d’en ressortir.

Son avantage : une belle gueule qui pourrait lui valoir un premier rôle dans un éventuel remake de CHIPS.

Son point faible : qui regarde encore la télé aujourd’hui ?

Michel De Herde, échevin du budget à Schaerbeek (FDF)

Personne ne semble s’en émouvoir, mais Michel De Herde, c’est un peu toutes les causes de la crise financière de 2008 concentrées dans quelques phrases mal placées. Resituons : via leur participation dans le Holding communal, la plupart des communes belges sont actionnaires de la banque en faillite virtuelle Dexia. Cette participation rapporte, en cas de bonne santé financière, des dividendes aux actionnaires. Michel De Herde mène depuis le début de la crise la fronde des communes qui s’offusquent de ne plus percevoir les dividendes annuels liés à leur investissement. Un dividende de 13% (!!!), inscrit au budget communal. Michel De Herde ignore ainsi plusieurs réalités. Primo, être actionnaire, c’est courir un risque (dans ce cas, avec l’argent du contribuable). Commune ou pas, tout le monde est logé à la même enseigne. Quand on place son blé dans des actions, on risque de tout perdre. Secundo, exiger 13% de dividende, c’est justement ce que font les Hedge Funds qui ont foutu toute l’économie mondiale au tapis. Un peu de bon sens ne ferait de tort à personne. Non, vraiment Michel, tu es trop con…

Son avantage : il ne semble pas avoir pris conscience de son statut de favori et n’est soumis à aucune pression.

Son point faible : tout le monde se contrefiche de la finance.

Gros cons de l'année : la compétition se poursuit, avec vote des internautes en décembre. La présentation des favoris continuera avec les autres catégories et les pronostics toujours affûtés de Niaco. 

vendredi 10 juin 2011

Mondes parallèles

Je rentrais du boulot, 20 minutes de marche, il pleuvait des seaux. Mon froc imbibé d'eau pesait bien 5 kilos, et l'eau qui ruisselait du haut de mon crâne me creusait des rides par érosion. Même ma veste en gore-tex commençait à douter de son imperméabilité. Bref, je marche le long du boulevard sous une putain de drache.

Je marche depuis un quart d'heure quand arrive en face de moi un type en short, son sac à dos sur la tête en guise de capuchon. Moi, j'ai la gueule du mec qu'on a balancé à la flotte tout habillé. Nos regards se croisent, et nous échangeons un sourire rigolard devant nos dégaines respectives, sans se parler ni s'arrêter.

Je continue ma route trempé mais hilare.

Sur le boulevard, avec la pluie et l'heure de pointe, c'est tout bouché. Je regarde les gens bien au sec dans leur bagnole.


Ils tirent tous la gueule.


(PS: petite dédicace à Anne pour le titre)

vendredi 3 juin 2011

Le jour de la marmotte de Schrödinger

Quelque chose cloche dans la réalité.

Ca a commencé au mois de mars, avec des températures douces et un temps sec. Au début je n'ai rien vu, trop heureux de profiter d'un peu soleil après l'hiver. Pour une fois qu'il ne pleut pas dans ce pays merde, j'allais pas commencer à me plaindre. En fait, j'en ai tellement profité que je ne me suis pas rendu compte qu'il n'avait pas plu du tout. En Belgique. En mars. Mon grand-père a bien essayé de m'avertir entre deux quintes de toux glaireuses mais depuis qu'il se chie dessus, je ne m'approche plus assez pour comprendre ce qu'il raconte: quand il disait "giboulées", j'entendais 'sales bougnoules". Saloperies de préjugés. Si le vieux était pas aussi raciste, j'aurais vu les choses venir.

Il y a bien eu Fukushima, mais, distrait par les premières mini-jupes et le dernier Mortal Kombat, je n'ai prêté qu'une oreille distraite aux bulletins annonçant que le nuage radioactif atteindrait l'Europe mais épargnerait la Belgique. Quand j'en ai parlé à mes amis, bien plus tard, ils m'ont traité de naïf et m'ont ri au nez d'avoir avalé la "propagande" gouvernementale. Bien que nous n'ayons toujours pas de gouvernement, mon esprit, trop occupé à savourer une Rochefort en terrasse, ne s'attarde pas sur la faiblesse de l'argument.

Arrive avril. Fidèle au proverbe, je ne me découvre pas d'un fil. J'évite également de lever les bras car mon gros pull en laine me fait des auréoles comme les étangs d'Ixelles. 25 degrés à l'ombre. Le temps est passé de l'hiver à l'été sans se perdre en préliminaires, à l'inverse des négociations gouvernementales. Autour de moi, une euphorie estivale s'installe. Les pouffiasses se réjouissent des économies qu'elles vont faire en bancs solaires, le marchand de gaufres se transforme en marchand de glaces, on voit même passer un ou deux connards en quad. Tout le monde se sent en vacances, et profite du beau temps qui pourrait changer du jour au lendemain. Sauf moi, dont le col roulé et les moonboots dénotent dans la foule des filles en sandales et des mecs en marcel. Les gens me regardent d'un drôle d'air, alors que je suis le seul à porter des vêtements de saison. Je me console dans la mesquinerie, et attends avec une joie mauvaise le retour aux normales saisonnières (froid déprimant et pluie dégueulasse). En vain.

Mai. Ma grand-mère, dont les douleurs aux genoux prédisent l'arrivée de l'orage, s'est mise au skate-board et à l'escalade. Cette fois, c'est sûr quelque chose cloche. Les beaux jours s'enchaînent avec une constance qui n'a d'égale que la monotonie des négociations institutionnelles. Le soleil est devenu aussi normal que les insultes de la N-VA. La psyché collective voit la formation du gouvernement et le prochain orage de la même façon, comme des événements inévitables, mais tellement éloignés dans le temps qu'il n'est pas nécessaire de s'en préoccuper. Trop heureux d'avoir troqué mes moonboots pour une paire de sandales, je partage un temps cette insouciance.

L'affaire du volcan islandais la fera voler en éclats: alors que c'est le branle-bas de combat dans l'espace aérien européen, le nuage de cendres épargne la Belgique. Comme pour Fukushima. Mon instinct de policier trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (9 saisons des Experts, sans parler des spin-offs) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Starsky et Hutch, Matt Houston sans oublier Rick Hunter), ça vous affûte le sixième sens comme un Gillette 15 lames.

Je lance mon enquête, mais j'ai beau utiliser toutes les ficelles du métier, je piétine: aucun dealer noir ne semble savoir quoi ce soit. L'actualité belge varie aussi peu que la météo: la N-VA insulte les francophones plus ou moins ouvertement, lesquels s'appliquent à faire semblant de n'avoir rien entendu. Par contre, ailleurs ça remue pas mal: DSK arrêté, les indignés en Espagne, le foutoir en Libye, Mladic arrêté, les concombres tueurs en Allemagne, puis partout en Europe. Partout? Vraiment? Non, une fois de plus, la Belgique est épargnée.

Mon instinct de scientifique trouve tout de suite ça suspect. Des années d'expérience (Star Trek, Star Wars, Starship Troopers) qui complètent une éducation baignée dans le milieu (Star Wars, Star Trek, Starmania), ça vous affûte le sixième sens comme un sabre laser.

Je reviens donc aux faits: un climat anormalement clément qui semble se prolonger indéfiniment, des négociations qui semblent se répéter à l'infini, des catastrophes qui évitent systématiquement la Belgique... Bon sang! mais c'est bien sûr: la réalité a été altérée. Nous vivons dans une bulle régie par des lois qui n'ont plus aucun lien avec le monde réel. La preuve: les Diables Rouges auraient toutes leurs chances contre la Turquie, et les supporters sont derrière eux.


Fort de ma découverte, je cherche un moyen de retourner dans le monde normal, bien que ce serait pas mal de voir une fois les Diables Rouges gagner...


Nous sommes maintenant en septembre. Il fait toujours 25 degrés à l'ombre. Le soleil se couche à 22h30 depuis juin, et le ciel est si dégagé qu'on envisage de remplacer la centrale de Tihange par des panneaux solaires. Une seule chose évolue: les insultes de la N-VA. De plus en plus ouvertes, de plus en plus méprisantes. Hier, De Wever a traité Di Rupo de "sale pédale à noeud pap'" et j'ai bien vu qu'Elio avait du mal à faire semblant d'entendre "la réforme de l'Etat". Depuis l'échec de sa mission de formatteur (avec deux T, pour éviter de nouvelles élections), Elio et ses copains encaissent pas mal. Il faut dire que la N-VA ne peut pas contrôler tout ce que disent ses 30.000 membres, qui eux ne se gênent pas pour donner leur avis à la télé.


J'ai l'impression qu'on est quelque part entre Un Jour sans fin et le chat de Schrödinger: le jour où un politicien francophone traitera enfin la N-VA de sales fachos de merde, et brisera ce statu quo illusoire, la pluie, les cendres radioactives, les concombres tueurs et tout le reste du monde réel nous tomberont sur la gueule d'un seul coup.

J'ai l'impression qu'on l'aura un peu cherché, quand même.

mercredi 4 mai 2011

Les coulisses d'une campagne avortée

De notre envoyé spécial à Islamabad.

Samedi 30 avril : on s'active au service de presse d'Al Qaeda. Il faut dire qu'on est sur le point de lancer la plus grande campagne marketing de l'année. Un budget de 5,4 millions de dollars pour une action publicitaire d'envergure internationale. Derrière son MacBook, le directeur marketing de l'organisation terroriste explique : "Avec l'essor des nouvelles technologies, nous sommes désormais obligés de raisonner en termes de time-to-market. Une campagne comme celle-ci, c'est une année complète de travail, cinq créatifs à temps plein, le concours d'une vingtaine de consultants en planning stratégique et d'une agence média. Néanmoins, tout ce travail peut se retrouver réduit en miettes pour une simple erreur de calendrier."

Dans son grand bureau prêté par les Talibans pour l'occasion, Jacques Séguéla ne quitte plus sa Rolex des yeux. Le compte à rebours a commencé. Encore quelques heures et il pourra lancer la campagne de sa vie, l'aboutissement de toute une carrière passée au service de la réclame. Il se souvient encore de la promesse qu'il a formulée au chef des enturbannés : "Tu me demandes de t'offrir Dieu. Moi je vais plus loin : je te fais Dieu." Promesse qui justifie amplement ses honoraires de 1.000 dollars l'heure.

Tout d'un coup, ça s'agite. Le chargé de clientèle, qui s'apprêtait à sabrer le champagne, demande à l'assistante de production d'arrêter de tartiner les biscottes aux rillettes. D'un seul bond, toute la salle se lève et braque les yeux sur l'écran plasma qui orne le mur de la salle de rédaction. Le directeur marketing bouscule ses subalternes, se plante net devant l'écran et découvre les images de l'allocution du président américain. D'un geste vif, il frotte les restes d'un rail de pure colombienne qui lui irrite encore la base des narines et marmonne dans sa barbe drue : "Fils de pute..."

Séguéla accourt, mais il est trop tard. "Les Burgers nous ont devancés. Ta stratégie médias, c'était de la merde, Jacques. DE LA MERDE !" Le roi de la pub se retourne, l'air interrogateur, vers le chargé de clientèle, raide comme pied de chaise à côté d'un flipchart qui résume les grands axes de la campagne à coup de parisianismes savants : territoires de communication, stratégies de contenus, leadership international, diversification marchés, web 3.0,  rétention clients, captation par la confusion, appel à la mémoire affective, le modèle McDo, etc.

Le consultant en chef en prend pour son grade : "Jacques, toi et tes claque-merdes, vous êtes virés. Tes honoraires, tu peux te les foutre au cul. Et tu dis à ta salope d'assistante de production de reboutonner son chemisier Chanel et de ramener ses rillettes qui puent dans le XVIe. Vous décollez pour Paris avec le premier avion. C'est Moktar qui pilote." 

Séguéla, décontenancé, remballe son laptop dans son sac Louis Vuitton. Avant de quitter les lieux, il se fait interpeler une dernière fois par le directeur marketing : "Jacques ! N'oublie pas que c'est Moktar qui pilote. Faites gaffe à ne pas accrocher la Tour de la Défense en rentrant ! Hahaha !" La blague fait son effet dans la salle de rédaction qui résonne des rires gras de l'assemblée. Dans l'ascenseur Schindler, Séguéla confie à voix basse à l'assistante de production : "Dans ma carrière, j'ai servi tous les pourris de cette planète. Je me suis mis à plat ventre devant les plus grands salauds. Mais y'a pas à dire, ces Islamistes, je ne comprendrai jamais rien à leur humour..."

En exclusivité : le communiqué de presse qui était censé être publié par Al Quaeda ce 1er mai et que nous avons retrouvé dans une poubelle, au milieu des boîtes de rillettes.

Al-Qaeda annonce la mort du président américain Barack Obama

Islamabad, 1er mai 2011. La fête du muguet aura des relents amers de New York à Los Angeles, cette année. L'organisation islamiste Al Qaeda annonce par la présente avoir capturé et assassiné le président américain Barack Obama, lors d'un raid opéré sur le restaurant McDonald's de Millau, dans l'Aveyron. Les autorités françaises n'ont pas apporté leur soutien logistique à l'opération. 

Aucun jihadiste n'a été blessé dans l'opération. Le corps sans vie du président américain - que l'on peut découvrir sur cette photo qui ne laisse aucun doute planer quant à sa mort - a été, dans le respect des traditions occidentales, transformé en viande hachée et réintégré dans la chaîne alimentaire. "Justice est faite" s'est écrié le président iranien Mahmoud Ahmadinejad en commentant la nouvelle. "Tous les musulmans du monde vont enfin pouvoir vivre en paix." Cette victoire d'Al Qaeda marque la fin de l'hégémonie américaine.
Pour fêter l'événement, Al Qaeda lance dès aujourd'hui une grande opération promotionnelle en partenariat avec les magasins Carrefour : les cartes à collectionner des présidents américains morts.

vendredi 4 mars 2011

Rêve érotique n° 451 : le premier amendement

Fiction en hommage à la liberté d'expression.
Dédicace à tous les Juifs, les Arabes et les Roms qui se reconnaîtront.


La Bar-Mitzvah commençait à virer coton. Assis sur mon lazy boy, ostenisblement indifférent à la scène qui se jouait dans le salon, je sirotais mon cinquième whisky-coca zero de la matinée en regardant Pimp My Ride sur un écran plasma de 102 centimètres de diamètre. Pourquoi 102? Ces Coréens ont-ils des préjugés contre les chiffres ronds ? C’est encore un truc religieux ? Et puis c’est quoi leur religion, aux Coréens ? L’idée d’un geste commercial du patron de LG me paraissait assez saugrenue : vous vouliez un écran de 100 centimètres, il m’en restait un peu, je vous les ai mis avec. C’est cadeau.

“C’est cadeau”, c’est justement ce que répétait frénétiquement un être hirsute à la peau olivâtre, alors qu’il administrait une lecture très personnelle des Saints Sacrements à la jeune fille, héroïne du jour défoncée aux opiacés, reposant à quatre pattes sur le parquet de son appartement haussmanien, le visage plaqué contre le sol. La famille devait appartenir à un courant extrêmement libéral et moderne du judaïsme puisqu’elle offrait également aux jeunes filles le droit de jouir pleinement du rite d’initiation.
Ses longs cheveux filasses rabattus en avant lui masquaient le visage, mais on devinait entre les mèches collantes la blancheur d’un sourire crispé à chaque coup de bélier de l’hirsute à la peau olivâtre qui, au rythme de mouvements amples du bassin, prononçait les psaumes sacrés de sa propre Tora, une version rarissime introuvable dans le commerce : “C’est cadeau !”

Mes doigts de pied jouaient au whist avec une réplique en plasticine de Shiryu, lorsque je réalisai que les glaçons qui s’accumulaient à la surface de mon verre de Johnny Walker avaient un fort goût de lard fumé. “Ne jamais croquer les glaçons.” C’est ce que répétait toujours mon grand-père lorsqu’il me racontait ses exploits de la guerre de Corée. Tiens, encore ces Coréens, ça vire à l’obsession. “C’est cadeau !”

La jeune fille en redemandait, hurlait, suppliait son bourreau d’arrêter et puis le réclamait encore. Drôle de rituel de passage. J’avais beau avoir roulé ma bosse à travers le monde, de New York à Djakarta, de Libreville à Séoul (encore!), malgré mon intérêt évident pour les fêtes religieuses, l’anthropologie et le tourisme sexuel, je n’avais jamais assisté à une Bar-Mitzvah aussi crue. “C’est cadeau !”, martelait le mâle dominant d’une étonnante générosité. “Prends ça, c’est cadeau !” asséna-t-il une dernière fois avant d’entreprendre un mouvement de recul pour s’essuyer sur les rideaux. La jeune fille s’écroula, exténuée mais visiblement comblée.

L’homme au teint olivâtre s’approcha de l’écran de 102 centimètres, feignit d’ingorer les 2 centimètres de trop, se servit un gin-Ovomaltine et, lorsqu’il tourna la tête vers mon lazy boy, je le reconnus immédiatement: Eric Zemmour en personne, le chroniqueur au grand coeur, attifé comme un iroquois. Son teint un peu moins olivâtre que d’habitude aurait pu me faire douter, mais le tatouage de Michel Sardou qu’il portait sur le bras droit balaya toute forme de soupçon. Il se rinça la bouche d’un lampée de cocktail au malt, attrapa quelques olives dans un grand ravier qu’il avala aussitôt d’un geste cannibale. La star du showbusiness se râcla la gorge une dernière fois.  "Va faire ta toilette, John. Tu me dégoûtes.”  John ? Quel prénom original pour une jeune fille. Je ne comprends décidément plus rien aux traditions ancestrales.

“Je lui ai mis sa race à ce connard.”

Ce connard ? La jeune fille était donc un jeune homme ? Impression confirmée quand la victime sortit des toilettes : la lunette était bel et bien relevée. Le chevelu se joignit à la conversation. En rejetant ses cheveux en arrière, il dévoila un visage meurtri en peau de fricandelle. L’oeil vide, la moustache en tabac de Roisin, la lippe baveuse. C’était bien lui: John Galliano, le célèbre styliste au grand coeur, venait de se faire ramoner le tuyau d’échappement par le chroniqueur parisien. Et franchement, l’air vicié commençait à saturer en particules fines. A en juger les émissions de CO2 dans l’air ambiant, il devait en avoir parcouru des kilomètres ! Zemmour n’était pas du genre à carburer à la sans plomb.

“Ça fait quoi, de se faire déchirer les pattes arrières par une race inférieure, sale pédale?” lui demanda Zemmour.
“J’ai rien senti du tout, salope. On ne peut pas dire que vous soyez équipés comme des chevals !” lui répondit l’ex directeur des collections de Christian Dior, en effectuant quelques étirements des mollets et des ischio-jambiers. Il n’avait manifestement plus la souplesse de ses vingt ans.
“On dit des chevaux, sous-merde. Pas des chevals.”

La conversation prenait une tournure intéressante mais fut interrompue par un individu qui sonna à la porte de l’appartement. Zemmour alla ouvrir. “Merde, c’est Laurent.”

“Laurent Ruquier ?”
“Non, Laurent Louis. Planque vite le coffre à jouets. La dernière fois, il l’a confondu avec le réfrigirateur et il s’est étouffé en essayant de bouffer des playmobils.”

Dans l’encadrement de la porte apparut effectivement le président et unique membre du Mouvement libéral démocrate, accoutré d’un uniforme de pompier. “Salut les loulous ! Je vends des calendriers”, déclara-t-il en grandes pompes. Il entra dans l’appartement haussmanien et, exactement comme Zemmour l’avait prédit, il se précipita sur le coffre à jouets. “Vous avez encore des petits Jésus en sucre?”

Dés qu’il ouvrit la malle, Galliano se précipita sur le joufflu, lui rabattit le lourd couvercle sur les doigts. Penché vers l’avant, prisonnier de ce qu’il pensait être un garde-manger, le député se sentait dans une position particulièrement inconfortable. Et il n’avait encore rien vu. Galliano lui arracha violemment son pantalon ignifuge en grognant : “Je vais t’apprendre à te pointer chez moi fringué en Gaultier, sale Juif !”
“Je ne suis pas Juif ! Je suis libéral démocrate !” rétorqua Laurent Louis, alors que Galliano se faisait reluire le membre avec un morceau de couenne.
“Tu vas sentir la puissance de mille chevals, sale clochard.”

“Mille chevaux, John. Mille chevaux…” soupira Zemmour en se servant un nouveau gin-Ovomaltine. "Ce club de nostalgiques de la liberté d'expression, ça devient n'importe quoi." Il remarqua enfin l’absurdité de la scène : “Il y a deux centimètres de trop sur cet écran, non ?”

“C’était cadeau.”

Foutus Coréens…

6h45 : dring dring. Ils sont balèzes, ces nouveaux somnifères.

mercredi 2 mars 2011

Une controverse qui ne date pas d'hier

De nos archives - Ce mardi la controverse était à nouveau vive au Parlement. La question était de savoir si oui ou non les fours crématoires livrés par la FN (Herstal) ont été utilisés par le régime nazi à des fins d'extermination.

Les flamingants n'ont toujours pas digéré le choix de Berlin comme ville hôte du Mur, au détriment de Bruxelles, et causent des remous politiques qui fragilisent le gouvernement. N'ayant pas encore BHV sous la main pour détourner l'attention, le Premier Ministre a sorti la Question Royale de sa manche jeudi dernier. C'est dire si cette controverse autour de la FN tombe mal pour un gouvernement à court de diversions communautaires.

Pour les syndicats, le débat n'a pas lieu d'être: La licence a été accordée conformément aux critères du Benelux. Le régime nazi présentait tous les gages de stabilité lors de la signature du contrat.

En toile de fond, des craintes pour l'emploi: Il ne faudrait pas qu'à la Shoah vienne s'ajouter une Shoah sociale. La FN c'est beaucoup d'emplois. Et puis, si on n'avait pas construit ces fours, le contrat serait allé aux Italiens, qui s'apprêtaient à signer une commande de fours à pizza (au feu de bois) géants avec le NSDAP.

A propos du refus de l'Angleterre de livrer une commande similaire: Ouais, ben les bombes que les Fritz ont balancé sur Londres, elles venaient de chez nous aussi, et ça, aujourd'hui c'est de l'emploi pour le secteur de la construction. Faut arrêter l'angélisme: les armes ça crée de l'emploi. Ils feraient mieux de nous remercier les Rosbifs, au lieu de donner des leçons.

Côté gouvernemental, on se veut rassurant: J'ai demandé à notre ambassadeur à Berlin d'enquêter sur l'utilisation des fours. S'il s'avère qu'il y a rupture du certificat d'usage final, une plainte sera déposée à la Communauté du Charbon et de l'Acier.

Du côté des victimes, on pleure ses morts.

mardi 1 mars 2011

Opération Shebarc-en-ciel

Nous avons tous un souvenir similaire caché dans les tiroirs de notre enfance. Peu importe comment la scène a commencé, son dénouement est gravé dans le marbre:

- Adulte: Tu ne termines pas tes tripes à la bavaroise sur leur lit de choux-rouges marinés?
- Enfant: Mais j'aime paaaaa
- Adulte: Allez, fais pas tes manières: en Afrique, y'a des enfants qui meurent de faim!

A ce stade, 90% des enfants grommellent dans leur tête qu'on n'a qu'à envoyer leur assiette de tripes à la bavaroise sur leur lit de choux-rouges marinés en Afrique. Les 10% restants le disent tout haut et se prennent une mandale. L'adulte explique alors à l'enfant boudeur que le temps que son assiette arrive en Afrique, les tripes auront tourné et seront devenues immangeables. En général, cet argument massue ruine les derniers espoirs de l'enfant dépité. Qui se prend une deuxième mandale s'il objecte que les tripes en question sont déjà immangeables.

Aujourd'hui, grâce à l'Opération Shebarc-en-ciel, les enfants peuvent enfin réaliser leur rêve et devenir des acteurs de la solidarité Nord-Sud.

Le principe est simple: les bénévoles de Shebarc-en-ciel récoltent vos denrées périssables, de préférence vos restes de repas. Ces restes sont ensuite acheminés dans nos centres de collecte et redistribués à des mémés à chats en échange de boîtes de Sheba. Ces boîtes de Sheba, conditionnées sous atmosphère protectrice et riches en protéines, vitamines et oligo-éléments divers, sont acheminées vers l'Afrique et distribuées aux petits nécessiteux.

Derrière cette simplicité apparente, se cache un projet longuement mûri, réfléchi dans ses moindres détails. En effet, indépendamment de la logistique déployée dans les centres de collecte, il fallait s'assurer de la qualité des produits distribués, aux chats comme aux enfants.

Côté félin, le délicatesse des animaux, et le raffinement de leur régime a nécessité la mise en place d'une base de données complexe afin d'éviter les maladresses dans la distribution. Nous ne voudrions pas que princesse reçoive du stoemp saucisse, alors qu'elle ne supporte que les plats préparés au four...

Côté enfants, il fallait éviter de tomber dans le colonialisme humanitaire. La nourriture pour chiens a été écartée pour des raisons symboliques évidentes, bien que les croquettes Pedigree Pal Junior contiennent tous les nutriments nécessaires à une croissance harmonieuse, en plus de renforcer les dents. A l'inverse, le chat jouit d'une excellente image dans nombre de cultures. En Egypte, qui accueilli la phase pilote du projet, le chat est même divinisé. Quel meilleur moyen de motiver les enfants à terminer leur assiette que leur faire partager la nourriture des dieux?

Pour autant, la dimension diététique n'est pas en reste. Par exemple, chaque barquette de poulet contient: viande et sous-produits d'origine animale (dont 4 % de poulet et 4 % de filet minimum), céréales, minéraux.
Un équilibre sain, qui n'empêche pas de varier les plaisirs et de goûter aux joies de la gastronomie grâce à une palette de goût variée: poulet, dinde, boeuf et même lapin. Le tout sans sucre ni colorant.

Grâce à Shebarc-en-ciel, vous évitez le gaspillage, vous luttez contre la faim dans le monde, et vous offrez aux chats le régime équilibré de plats faits maison qu'ils méritent.

Pour dire je t'aime.

mardi 22 février 2011

Regard cosmopolite emprunt d'humanisme

Dans un récent billet, mon estimé collègue AL expliquait que nos origines respectives entraînaient parfois des différences de points de vue: lui, Wallon ayant séjourné à New York, trempe sa cougnole au marcassou dans du café Starbucks, alors que moi, Bruxellois demi-vietnamien, je mange mes frites de la Place Jourdan avec des baguettes.

Ici à Bruxelles, on voit les choses avec un peu plus de recul. Toutes ces questions communautaires semblent d'autant plus dérisoires que nous côtoyons un cocktail riche de tant de cultures différentes qu'il ferait passer un double Long Island pour de la Spa Reine.

Nous posons sur nos voisins du Nord comme du Sud un regard dépassionné et bienveillant. Un regard affranchi des préjugés et du nombrilisme grâce aux expériences humaines et la diversité culturelle nés du cosmopolitisme de notre ville-région multi-capitale.

C'est ce regard que je vous livre ici, dans l'espoir d'aider les Belges à se comprendre en dépit de leurs différences. Un bras tendu pour la réconciliation.

Les Flamands sont des gens adorables sous bien des aspects. Bon d'accord, ils font une petite fixette sur "l'oppression francophone" qu'ils auraient subie par le passé, mais tant qu'on aborde pas ce détail de l'histoire, la conversation peut se poursuivre tranquillement autour d'une Westmalle.

Petite parenthèse, c'est sans doute le spectre de cette oppression qui a favorisé la création d'un lobby flamand, qui s'est ramifié et a étendu son influence à toutes les sphères du pouvoir en Belgique. Vous avez remarqué le nombre de postes-clés occupés par des Flamands? Premier Ministre, Ministre de la Défense, et j'en passe. A une époque, ils ont même infiltré les instances wallonnes pour multiplier les affaires et saper la bonne gouvernance. Vous je sais pas, mais moi, je trouve que Van Cauwenberghe, c'est pas un nom qui flaire bon le fromage de Herve. Heureusement, en cas de doute, on peut toujours les reconnaître à leur nez crochu.
Willy Vandersteen (auto-portrait)
Autre détail qui vous aura peut-être échappé: le Flamand est radin. Tout ce tintouin autour de la responsabilisation des entités trucmuche, au fond, c'est jamais qu'un écran de fumée pour garder leurs euros.

Ce sont aussi des usuriers sans scrupules, guidés par un féroce appât du gain. Certaines sources affirment d'ailleurs que si la NVA veut la séparation du pays, c'est pour que les transferts de fonds entre entités soient remplacés par des prêts dont les taux feraient rougir un banquier, même flamand. Évidemment, le lobby flamingant use de toute son influence pour étouffer dans l'œuf toute velléité d'enquête et s'assurer que l'information reste cachée du grand public.

Les Flamands croient à tort que les Wallons sont paresseux, alors que ce sont juste de grands enfants. De grands enfants qui ont le sens de la fête et le rythme dans la peau, comme on peut le voir à chaque carnaval.

On peut reprocher au Wallon une certaine nonchalance. C'est parce qu'il n'est pas encore entré dans l'Histoire. Du coup, côté bonne gouvernance c'est pas trop ça. Mais il faut dire qu'après la fédéralisation, et le départ du pouvoir central, les chefs ruraux ont eu le champ libre pour faire main basse sur les ressources naturelles de la région (gisements d'intercommunales, et aide humanitaire flamande).
Le carnaval de Binche

Les prouesses sportives du Wallon sont légendaires. C'est qu'à l'instar du rythme, le Wallon porte le talent sportif dans ses gènes. On peut d'ailleurs le voir déambuler en training à toute heure de la journée. Echauffement? Préparation mentale? Lui seul le sait. Une chose est sure : quand il rentre chez lui pour jouer à FIFA 2011 en ligne, il bat tous les records, qu'il avait pourtant établis lui-même la veille.

Le Wallon a su rester bon vivant et accueillant. Sous des dehors frustes, il a su rester en contact avec la terre et garder la simplicité des vraies valeurs. Il a sans doute beaucoup à nous apprendre, à nous, les citadins soi-disant "civilisés" (à condition de s'accommoder du bruit et de l'odeur).

Vous voyez, avec un peu de bonne volonté c'est pas si difficile de se débarrasser des préjugés.

L'important, c'est de ne pas ranger les gens dans des catégories toutes faites.

lundi 14 février 2011

Marie-Rose Morel, la priorité de cette Flandre-là

La Flandre a donc enterré en grandes pompes Marie-Rose Morel, ex-miss, ex-femme, ex-mère et accessoirement, ex-membre du Vlaams Belang, parti condamné par la justice pour son discours ouvertement raciste et xénophobe. Bart De Wever, l'homme politique le plus populaire du pays, fort de 780.000 voix de préférence, était présent aux obsèques, les yeux inondés de larmes d'une touchante sincérité. Il y a même prononcé un discours de plus de 10 minutes.

L'hommage, s'il laisse pantois au sud du pays, ne restera pas lettre morte au nord. Comment immortaliser la belle fasciste ? Faut-il lui remettre une médaille posthume pour services rendus à la nation (flamande) ? Doit-on prêter son nom à une rue, une place, une salle des fêtes ? Serait-il raisonnable de la canoniser ? Aura-t-elle droit à une stèle à Dixmude, auprès du symbole de la lutte nationaliste (flamande) ?

Encore sous le choc, débordée par ses émotions, cette Flandre-là peine à offrir à sa nouvelle égérie le cadeau d'adieu qu'elle mérite. Heureusement, solidarité fédérale oblige, je me sens l'âme à prêter mes talents créatifs à mes plus proches voisins. Mes chers amis, ne vous emmerdez pas à dédier à Marie-Rose Morel une vulgaire plaque de rue. Allez au bout de vos idées. La régionalisation de la sécurité routière a toujours été l'une de vos revendications les plus... heu... originales. Poussez donc la réflexion un peu plus loin (à droite) et régionalisez carrément le code de la route. La voie vous sera alors toute tracée pour offrir à votre Mère Teresa locale l'éloge éternel. Assumez une bonne fois pour toutes en lui consacrant une initiative digne de son combat politique : soyez les premiers à appliquer sur vos routes le principe de la priorité d'extrême-droite.

Le concept peut paraître un peu complexe au premier abord. Mais avec un minimum de pratique et la persévérance qui vous est propre, vous devriez pouvoir vous adapter sans trop de problème. La priorité d'extrême-droite, finalement, c'est assez logique. Avec cet aménagement du code de la route régional, chaque carrefour retrouvera pleinement son caractère profondément flamand. Désormais, lorsque plusieurs véhicules se rencontreront à un croisement, ce sera toujours l'usager provenant de la droite qui aura la priorité. La nouveauté, avec la priorité d'extrême-droite, c'est que le véhicule prioritaire sera dorénavant celui qui se trouve en dernière position dans la file qui vient de votre droite. Au croisement, la dernière voiture aura donc le droit de dépasser toutes les autres afin de prendre sa priorité. Une légère période d'adaptation sera peut-être nécessaire. Mais au moins, vous pouvez être certains qu'à chaque fois qu'un de vos compatriotes se retrouvera à un croisement, il aura une pensée émue pour la martyre de la cause flamingante trop tôt disparue.

Et comme je fais rarement les choses à moitié, je vous ai même déjà dessiné votre nouveau panneau de signalisation. Alors, merci qui ?


samedi 12 février 2011

Depuis qu'on a scindé BHV

1er janvier 2012. Mon journal intime.

Depuis qu'on a scindé BHV, ma vie est bien meilleure. Je n'y aurais jamais cru, mais je dois bien avouer que les thèses flamandes m'ont changé la vie. Ils avaient donc raison. Depuis qu'on a scindé BHV, la justice fonctionne mieux et les magistrats se félicitent des moyens qui leur sont alloués. Le pays résorbe enfin son déficit et peut envisager sereinement un refinancement des communautés et régions. La Communauté française annonce l'engagement de 2.000 nouveaux enseignants et, déjà, nos écoliers ont gagné 10 places dans l'enquête Pisa.

Depuis qu'on a scindé BHV, la Région wallonne dispose de moyens suffisants pour reboucher les trous sur les autoroutes. Comme il restait un petit surplus de quelques millions, Wallons et Flamands se sont accordés pour faire passer le Ring Est à 3 bandes, ce qui a sensiblement fluidifié le trafic pendant les heures de pointe, faisant passer le trajet Waterloo-Tervueren de 2h30 à 25 minutes le lundi entre 7 et 8h. De toute manière, pratiquement plus personne ne prend sa voiture pour aller travailler puisque la scission de BHV a permis de donner un coup d'accélérateur inattendu au projet de RER. Comme en parallèle, la SNCB réalise désormais des bénéfices plantureux, du nouveau matériel roulant a été mis à disposition des navetteurs, doublant le nombre de passagers quotidiens sur le chemin de fer.

Depuis qu'on a scindé BHV, la Sécurité Sociale se porte tellement bien que les soins dentaires sont devenus gratuits. Nos hôpitaux ont acquis un tel niveau d'excellence qu'ils attirent les plus grands professeurs de Suisse et des Etats-Unis, grassement rémunérés depuis que l'INAMI a fait son entrée fracassante sur Euronext, pulvérisant le record du plus gros dividende jamais versé à un actionnaire privé. Maintenant que l'INAMI a racheté Total, Google, Nokia, et s'apprête à prendre une participation dans Apple, les Mutuelles n'organisent plus pour les enfants de leurs affiliés des vacances annuelles à Lloret de Mar, mais des vacances mensuelles à Dubai, Hawaï ou Monaco.

Depuis qu'on a scindé BHV, j'ai senti une énorme différence dans mon portefeuille : mon salaire net mensuel a augmenté de 1.000 euros, j'ai remboursé mon emprunt hypothécaire et j'ai même prêté de l'argent à ma banque pour qu'elle finance une campagne d'éradication du Sida en Afrique centrale. Il ne reste plus que quelques centaines de malades à soigner et on pourra enfin se réjouir d'avoir, en quelques mois à peine, vaincu le mal du siècle.

Depuis qu'on a scindé BHV, je travaille 4 heures par jour, je n'ai plus de douleurs chroniques à l'estomac, je cours 20 kilomètres tous les soirs. Ma peau est moins sèche, je n'ai plus un seul cheveu gris et j'ai perdu 5 kilos, ce qui met en évidence ma superbe ceinture abdominale. Je fais des pompes sur un bras, et aussi sur l'autre bras. J'ai grandi de 4 centimètres, ma scoliose n'est plus qu'un lointain souvenir et je ne dois plus porter de lunettes. Ma bite a pris 2 centimètres et demi de longueur et 1 bon centimètre de diamètre en plein effort.

Depuis qu'on a scindé BHV, je ne fais plus de fautes d'orthographe, je lis Gunter Grass dans le texte et j'ai repris des études de droit.

Franchement, je n'aurais jamais cru en arriver là, mais je dois bien le reconnaître : amis flamingants, vous aviez raison. Merci. Hartelijk bedankt.

vendredi 11 février 2011

Les filles nous informent: Attention, le cancer, c'est mal

Vous avez sans doute vu passer comme moi ce viral débile: les filles mettent en statut Facebook un nom de boisson qui correspond en fait à leur situation amoureuse. Le but: éveiller la curiosité des hommes, curiosité qui les poussera bien tôt ou tard à laisser un commentaire. Le pauvre malheureux se verra alors envoyer l'explication via un message "personnel" (je mets des guillemets, c'est Facebook quand même).

Le message en question explique que, houlala, le cancer du sein, y'en a de plus en plus, et que, mince les filles, il fallait faire quelque chose pour conscientiser, point d'exclamation et mots-clés en majuscules.

[Petite pause pour mon lecteur quadragénaire qui commence à faire pipi souvent]

Continuant dans la prose élégante qui caractérise les rhétoriciennes gavées d'aspartame qui prennent un Coca Light avec leur Maxi Menu Giant, le petit texte nous explique que pour la deuxième année consécutive, une grande action Facebook est lancée pour sensibiliser...les hommes. Au cancer du sein.

[Deuxième pause pour permettre à mes lecteurs à la prostate défaillante d'aller se changer après s'être pissé dessus d'indignation].

Je voudrais bien qu'on m'explique l'utilité de sensibiliser les hommes à une pathologie qui ne les touche que dans 1% des cas. C'est pas comme si on n'avait pas nos propres pathologies sexospécifiques. C'est pas non plus comme si le cancer du sein était mal connu, mal dépisté et totalement incurable.

Honnêtement, qu'est-ce que vous voulez qu'on réponde à ce truc à part: « Va faire ta mammographie au lieu d'écrire des conneries sur Facebook »?

N'oublie pas de ramener des bières?

Connasse?

[Bon, les gars, je vais pas m'interrompre tout le temps. Je sais bien que ça fait peur, mais c'est jamais qu'un doigt dans le cul. Alors, on prend son téléphone et on prend rendez-vous pour se faire palper cette vilaine prostate.]

Et qu'on ne vienne pas me rabâcher les oreilles avec des arguments à la con, du genre: « Au moins ça sensibilise les hommes aux problèmes des femmes ». Parce que le cancer du sein, c'est pas un problème de femme: c'est un problème de femme occidentale.

Demandez aux femmes du Nord Kivu ou aux lesbiennes d'Afrique du Sud si elles stressent à l'idée passer leur prochaine mammographie, ça devrait les faire rire.

D'ailleurs, même en occident, n'y a-t-il pas d'autres problèmes liés à la condition féminine auxquels il faudrait sensibiliser les hommes? Des trucs sur lesquels ils ont prise. Des trucs pour lesquels ils ont une responsabilité: les inégalités salariales, les violences conjugales, les inégalités en termes de santé, le harcèlement, la réification du corps féminin, la discrimination à l'embauche, j'en passe et j'en oublie.

Au-delà de ça, même la tactique de sensibilisation est idiote. On ne sensibilise pas à quelque chose qui fait l'unanimité. Tout le monde est contre le cancer. C'est pas comme l'IVG, y' a pas de lobby pro-métastase à contrer.

Par contre, une action de conscientisation aux causes du cancer du sein, ce serait déjà un peu plus intéressant. Une campagne où on mettrait dans son statut Facebook les produits cancérigènes contenus dans l'arsenal de crèmes et cosmétiques dont s'enduisent les femmes pour coller à un canon de beauté défini par une société dominée par les hommes, dont elles ont (plus ou moins) intériorisé les valeurs, ça interpellerait un peu plus. Ça mettrait les hommes face à leur responsabilité, même inconsciente ou indirecte, dans cette pathologie féminine.

Et ça m'éviterait de me prendre un bide, parce que ma copine a mis « Sprite-Vodka » comme statut.

Pour terminer en beauté, une petite chanson progressiste:

jeudi 27 janvier 2011

Cassez-vous, pauvres cons

Je doute que mon coup de gueule du jour fasse l’unanimité. Mais après tout, quel est l’intérêt d’un coup de gueule universel pour clamer que la guerre c’est mal, qu’il faut soigner les lépreux ou que les chiens, ça pue. Me voilà donc en train de risquer de mettre au jour une divergence entre le propriétaire de ce blog (Niaco, le bruxellois aux origines vietnamiennes qui a roulé ses bosses sur à peu près tous les continents) et moi-même, l’invité honoris causa (AL, le parasite borain nomade et apatride, qui a aussi passé une partie de sa vie outre-Atlantique, avant de réclamer l’asile politique à Bruxelles pour finalement s’installer en Brabant wallon pour des raisons économiques mais qui n’écarte toujours pas l’idée de retourner vivre à New York). Vous me suivez ? Non ? Résumons : Niaco est Bruxellois, je suis Wallon.

Ce qui nous amène à une lecture parfois différente des événements. Parce que là où Niaco peut s’offusquer poliment des insultes de plus en plus régulièrement adressées au peuple wallon, comme on s’indignerait des conséquences pour la flore locale d’une inondation au Nord-Katanga, moi, de mon côté, j’accumule les humiliations proférées à notre égard comme autant de raisons de prouver enfin à ceux qui les répandent que les clichés du Wallon perdant ne sont rien d’autre que des clichés.
A force de ramasser des baffes, je me suis décidé à pousser le raisonnement un peu plus loin. Mais pourquoi ? Pourquoi nous considère-t-on comme des sous-Belges, des citoyens de seconde zone, accrochés comme des sangsues aux avantages d’une sécurité sociale en faillite, prompts à nous mettre en grève les veilles de jours fériés, incapables de commander notre pain dans la 2e langue nationale ou préférant profiter des allocations de chômage plutôt que de nous lever tôt (ou, dans mon cas, nous coucher tard) pour travailler ? Pourquoi ?

Pourquoi ? Parce que ce sont exactement ces clichés-là que martèlent depuis des années nos hommes politiques ! Ah bon ? Ces salauds de flamingants de la N-VA ? Non, pardi ! Ces salauds de pseudo-wallingants des partis francophones ! Suivez un peu (une fois) mon raisonnement. La moitié de la moitié nord du pays (ou en tout cas ses représentants élus) ne veut plus vraiment de nous. Ça a beau être choquant, c’est un fait : les riches ne veulent plus payer pour les pauvres. C’est dans l’air du temps. Les Allemands et les Italiens font pareil. Vive l’Europe.

Réaction en chœur de nos politiciens wallons : inacceptable ! Au nom de la sacro-sainte solidarité. Selon leurs dires, une séparation du pays – après, on peut discuter de la difficulté de couper un pays en deux – conduirait de facto à l’appauvrissement, voire la faillite de la Wallonie. Ce serait comme une sorte de fatalité. Non seulement, nous, les chômeurs et grévistes de la veille du week-end de Pâques, serions trop pauvres pour prendre en main notre destin sans l’argent des riches travailleurs courageux flamands. Mais de surcroît, nous serions trop cons pour renverser la tendance et transformer ce coup dur en formidable opportunité d’entamer enfin notre redressement. Pauvre et con, voilà le Wallon. L’innovation, très peu pour nous.

Tenir ce discours qui voudrait qu’une scission serait fatale à la Wallonie, c’est reconnaître implicitement l’incapacité de la classe politique wallonne à se remettre en question et à préparer notre belle région aux défis qui l’attendent… et donner raison aux thèses radicales flamandes souvent proche d’un racisme primaire nauséabond.

A y regarder de plus près, une plus grande autonomie wallonne (ne parlons même pas d’indépendance) pousserait nos réprésentants à réfléchir un peu plus loin et à trouver des solutions plus durables que, par exemple, accorder des énièmes subsides publics pour conserver les emplois dans le secteur de la sidérurgie. On sait ce que ça vaut : Arcelor Mittal aurait tort d’arrêter le chantage puisque ça marche. A chaque menace de mettre la clé sous le paillasson, les actionnaires récupèrent quelques centaines de millions d’euros de subvention pour maintenir quelques emplois précaires dans le bassin sidérurgique wallon. Mais qui peut croire encore dans l’avenir de la sidérurgie wallonne, vieillissante, chère et polluante, quand la main-d’œuvre des pays en voie de développement travaille plus longtemps pour moitié moins cher et peut se permettre de polluer beaucoup plus ? Il faut être politicien wallon pour être aveugle à ce point : on préfère financer à coups de deniers publics des emplois qui tiendront encore deux ou trois ans plutôt que de proposer à ces travailleurs de solides plans de reconversion dans des filières d’avenir pour la Wallonie, comme les énergies vertes, par exemple. Mais mes propos relèvent sans doute de l’inacceptable.

Autre exemple : le grand-prix de formule 1 de Francorchamps. Là aussi, la Wallonie dépense des cents et des mille pour conserver ce « modèle de dynamisme wallon ». Puisque des études universitaires ont démontré que le grand-prix n’apportait pratiquement rien en termes de retombées économiques pour la région, on agite maintenant le drapeau de « l’image » de la Wallonie à l’étranger. Ah, l’image ! Ce miracle de la communication moderne qui va nous amener les investisseurs par avions entiers à Bierset. Mais ouvrez les yeux, les gars ! Vous voulez savoir c’est quoi l’image de la Wallonie à l’étranger ? Je vais vous le dire moi. C’est Michel Daerden faisant le pitre à l’antenne après son huitième verre de Beaujolais. C’est ce même bouffon, ivre-mort, ridiculisant tout le pays lors d’une conférence de presse européenne sur le thème de l’avenir des pensions. C’est encore le même clown se vantant de ses exploits politico-médiatico-bibitifs chez Arthur. Quand le spectateur français rit de Michel Daerden, il rit de la Wallonie comme il rirait de la femme à barbe, d’un mangeur de sabres ou d’un mec capable de réciter l’alphabet en pétant. En gros, il se fout de notre gueule et il aurait tort de s’en priver.
L’image de la Wallonie à l’étranger, c’est le cirque.

Alors moi, je me surprends à rêver. Je rêve d’une Wallonie enfin confrontée à sa propre réalité. Une Wallonie qui ne peut plus se cacher derrière la « solidarité » et qui ose enfin se regarder dans le miroir. Une Wallonie qui prend conscience de l’urgence de s’attaquer enfin à son image désastreuse. Une Wallonie qui met enfin en place une véritable politique orientée vers l’avenir, une politique qui s’occupe des gens, d’éducation, de santé, d’emploi, d’environnement. Une Wallonie qui prend enfin la mesure de ses profonds dysfonctionnements : intercommunales à gogo, clientélisme, copinage, népotisme, conflits d’intérêts, etc. Une Wallonie qui deviendrait un exemple de la lutte contre toutes les fraudes. Allons déjà chercher l’argent là où il se cache : la fraude fiscale (et je vous entends déjà me traiter de gaucho) et la fraude sociale (et je vous entends déjà me traiter de facho). Une Wallonie qui ferait le ménage et se débarrasserait enfin de tous ces boulets qui s’expriment en son nom alors qu’ils ne représentent que les quelques abrutis qui les ont élus en échange d’une Carlsberg sur le marché dominical : Eerdekens, Van Cau, Lizin, Chastel, Henry, Collignon, Galant, les fils Ducarme, Antoine, Happart, Javaux, Arena, j’en passe et des meilleurs. Laurent Louis ? N’en parlons même pas. C’est un blog sérieux ici. Et les Daerden dans tout ça ? Les imaginer en prison, c’est plus qu’un désir, c’est carrément un rêve érotique. J’en craquerais mon slip, j’en déchirerais mon pyjama, j’en souillerais mes draps, j’en arroserais mes murs et mon plafond. J’en réveillerais mes voisins à hurler mon plaisir jusqu’à ce que mes cordes vocales sautent l’une après l’autre. Les Daerden en prison. Je serais prêt à assister tous les dimanches à la messe de Monseigneur Léonard si ça pouvait accélérer les procédures judiciaires. J’échangerais ma prostate contre leurs tronches derrière des barreaux.

Imaginez une Wallonie nettoyée de tous ces parasites ! Populo, démago ou poujadiste, moi ? Mais pas du tout. Il reste des tas de politiciens wallons en qui je conserve une entière confiance : Marcel Cheron chez Ecolo, Paul Magnette au PS, Melchior Wathelet Jr. au cdh. Et, j’avoue que j’ai dû me faire violence, mais même au MR, on pourrait imaginer que Christine Defraigne relève un peu le niveau des débats. En voilà quatre qui m’ont l’air extrêmement intelligent. Pourquoi ne pas les enfermer ensemble quelques semaines et les laisser réfléchir à notre avenir ? Interdisons-leur de fréquenter les marchés et bannissons-les des bistrots où l’on sert de la Carlsberg. Ce n’est plus vraiment la démocratie ? Et alors ? Qu’on m’apporte la tête de celui qui condamnerait une période transitoire qui s’assimilerait, disons… à une sorte de despotisme éclairé multipartite. C’est peut-être le prix à payer pour retrouver notre fierté.
Impossible ? Alors je me contenterai de rêver d’une Wallonie où les protagonistes politiques mettraient enfin leurs questions d’ego au second plan.

- Elio, j’aime pas ton nœud pap’ de tapette, mais on va quand même bosser ensemble pour créer de l’emploi.
- Tu as raison Didier, mettons-nous au travail. Au fait, c’est ton front qui a encore grandi ou c'est tes yeux qui ont glissé sur tes joues ?

Si vous êtes arrivé à tout lire jusqu’ici, peut-être en sautant l’un ou l’autre paragraphe, vous vous dites peut-être que j’ai succombé au séparatisme, que j’ai condamné la Belgique avant ces voyoux de Daerden, que j’ai pété un plomb, que je suis devenu Flamand. Pourtant, j’aime la Belgique, j’aime son côté un peu décalé, je me sens plus Belge que fondamentalement wallon. Dans un monde idéal, je préférerais que la Belgique reste unie parce que je reste attaché à ce pays. Et je continue à ressentir plus d’atomes crochus avec les Flamands qu’avec les Français. Et puis, j’ai beau être un sale fainéant de wallon, un parasite borain, un bon à rien, j’ai quand même créé ma propre entreprise… et je réalise 50% de mon chiffre d’affaires en Flandre. Alors même si ce n’était que par pur réflexe égoïste, je préférerais conserver ce pays tel qu’il est. Et me battre pour laver l’honneur de tous ces Wallons qui suent sang et eau pour se tenir droits.

Mais il y a un point sur lequel je ne céderai jamais : foutez-moi les Daerden en prison. C’est la seule revendication sur laquelle je ne plierai pas. Onbespreekbaar.