mardi 18 janvier 2011

Privés de dessert

J'ai lu quelque part dans la presse que nos voisins se demandent ce qui nous a pris si longtemps pour descendre dans la rue.

La réponse est simple: le citoyen belge a compris depuis belle lurette que les postures politiques ne sont que des postures. Que notre système électoral est tel que le compromis est inévitable.

Pour ne pas les vexer, on a gentiment fait semblant de les croire, et on les a laissé jouer un peu à "on disait qu'on trouvait pas de compromis" :

Donne-moi plus de concessions, j'en ai pas assez!
Mais-eu, je t'en ai déjà filé plein!
Non c'est pas vrai, elles sont minuscules, d'abord!
Nan, elles sont très grandes, même qu'elles sont super géantes!
 
et caetera, et caetera, et plein plein de caetera.

Et donc depuis plusieurs mois, le Belge traite ses élus comme on traite un enfant qui fait un vilain caprice: il regarde ailleurs et fait semblant de ne pas les voir. Parce que s'ils se rendent compte qu'on les regarde, ça va être encore pire: ça va taper du pied en devenant tout rouge, voire se rouler par terre pour les plus radicaux.

Mais bon, là les autres adultes commencent à le trouver un peu long le caprice. Ils font des commentaires désobligeants, ils lancent des ragots pleins de médisance qui tache. Alors le Belge il en a doucement sa claque: il a pas envie de laisser les marchés couler son économie, alors qu'il a élu des gens de chez lui pour le faire. Et à quoi aura servi la stigmatisation systématique des musulmans, si c'est pour arracher la palme du ridicule à un pays de bougnoules?

Du coup le Belge jette un œil du côté du bac à sable, et se dit que ça commence à bien faire, une fois. Il commence à se rappeler que le gros plein de frites qui braille à tout-va qu'il est la voix de la majorité, n'est en fait que la voix d'à peu près 15% de la population, et que ces 15% puent quand même salement de la gueule.

Alors comme les parents trop patients, le Belge se dit qu'il va revenir à la pédagogie à l'ancienne, celle qui a fait ses preuves, façon marti-fouette.

Le 23 janvier, on investit enfin la rue. Pour pousser une gueulante, envoyer les vilains au coin et menacer d'une bonne fessée.

J'espère que ça suffira, je voudrais pas être obligé d'immoler Claude Eerdekens.

Quoique.

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