jeudi 27 janvier 2011

Cassez-vous, pauvres cons

Je doute que mon coup de gueule du jour fasse l’unanimité. Mais après tout, quel est l’intérêt d’un coup de gueule universel pour clamer que la guerre c’est mal, qu’il faut soigner les lépreux ou que les chiens, ça pue. Me voilà donc en train de risquer de mettre au jour une divergence entre le propriétaire de ce blog (Niaco, le bruxellois aux origines vietnamiennes qui a roulé ses bosses sur à peu près tous les continents) et moi-même, l’invité honoris causa (AL, le parasite borain nomade et apatride, qui a aussi passé une partie de sa vie outre-Atlantique, avant de réclamer l’asile politique à Bruxelles pour finalement s’installer en Brabant wallon pour des raisons économiques mais qui n’écarte toujours pas l’idée de retourner vivre à New York). Vous me suivez ? Non ? Résumons : Niaco est Bruxellois, je suis Wallon.

Ce qui nous amène à une lecture parfois différente des événements. Parce que là où Niaco peut s’offusquer poliment des insultes de plus en plus régulièrement adressées au peuple wallon, comme on s’indignerait des conséquences pour la flore locale d’une inondation au Nord-Katanga, moi, de mon côté, j’accumule les humiliations proférées à notre égard comme autant de raisons de prouver enfin à ceux qui les répandent que les clichés du Wallon perdant ne sont rien d’autre que des clichés.
A force de ramasser des baffes, je me suis décidé à pousser le raisonnement un peu plus loin. Mais pourquoi ? Pourquoi nous considère-t-on comme des sous-Belges, des citoyens de seconde zone, accrochés comme des sangsues aux avantages d’une sécurité sociale en faillite, prompts à nous mettre en grève les veilles de jours fériés, incapables de commander notre pain dans la 2e langue nationale ou préférant profiter des allocations de chômage plutôt que de nous lever tôt (ou, dans mon cas, nous coucher tard) pour travailler ? Pourquoi ?

Pourquoi ? Parce que ce sont exactement ces clichés-là que martèlent depuis des années nos hommes politiques ! Ah bon ? Ces salauds de flamingants de la N-VA ? Non, pardi ! Ces salauds de pseudo-wallingants des partis francophones ! Suivez un peu (une fois) mon raisonnement. La moitié de la moitié nord du pays (ou en tout cas ses représentants élus) ne veut plus vraiment de nous. Ça a beau être choquant, c’est un fait : les riches ne veulent plus payer pour les pauvres. C’est dans l’air du temps. Les Allemands et les Italiens font pareil. Vive l’Europe.

Réaction en chœur de nos politiciens wallons : inacceptable ! Au nom de la sacro-sainte solidarité. Selon leurs dires, une séparation du pays – après, on peut discuter de la difficulté de couper un pays en deux – conduirait de facto à l’appauvrissement, voire la faillite de la Wallonie. Ce serait comme une sorte de fatalité. Non seulement, nous, les chômeurs et grévistes de la veille du week-end de Pâques, serions trop pauvres pour prendre en main notre destin sans l’argent des riches travailleurs courageux flamands. Mais de surcroît, nous serions trop cons pour renverser la tendance et transformer ce coup dur en formidable opportunité d’entamer enfin notre redressement. Pauvre et con, voilà le Wallon. L’innovation, très peu pour nous.

Tenir ce discours qui voudrait qu’une scission serait fatale à la Wallonie, c’est reconnaître implicitement l’incapacité de la classe politique wallonne à se remettre en question et à préparer notre belle région aux défis qui l’attendent… et donner raison aux thèses radicales flamandes souvent proche d’un racisme primaire nauséabond.

A y regarder de plus près, une plus grande autonomie wallonne (ne parlons même pas d’indépendance) pousserait nos réprésentants à réfléchir un peu plus loin et à trouver des solutions plus durables que, par exemple, accorder des énièmes subsides publics pour conserver les emplois dans le secteur de la sidérurgie. On sait ce que ça vaut : Arcelor Mittal aurait tort d’arrêter le chantage puisque ça marche. A chaque menace de mettre la clé sous le paillasson, les actionnaires récupèrent quelques centaines de millions d’euros de subvention pour maintenir quelques emplois précaires dans le bassin sidérurgique wallon. Mais qui peut croire encore dans l’avenir de la sidérurgie wallonne, vieillissante, chère et polluante, quand la main-d’œuvre des pays en voie de développement travaille plus longtemps pour moitié moins cher et peut se permettre de polluer beaucoup plus ? Il faut être politicien wallon pour être aveugle à ce point : on préfère financer à coups de deniers publics des emplois qui tiendront encore deux ou trois ans plutôt que de proposer à ces travailleurs de solides plans de reconversion dans des filières d’avenir pour la Wallonie, comme les énergies vertes, par exemple. Mais mes propos relèvent sans doute de l’inacceptable.

Autre exemple : le grand-prix de formule 1 de Francorchamps. Là aussi, la Wallonie dépense des cents et des mille pour conserver ce « modèle de dynamisme wallon ». Puisque des études universitaires ont démontré que le grand-prix n’apportait pratiquement rien en termes de retombées économiques pour la région, on agite maintenant le drapeau de « l’image » de la Wallonie à l’étranger. Ah, l’image ! Ce miracle de la communication moderne qui va nous amener les investisseurs par avions entiers à Bierset. Mais ouvrez les yeux, les gars ! Vous voulez savoir c’est quoi l’image de la Wallonie à l’étranger ? Je vais vous le dire moi. C’est Michel Daerden faisant le pitre à l’antenne après son huitième verre de Beaujolais. C’est ce même bouffon, ivre-mort, ridiculisant tout le pays lors d’une conférence de presse européenne sur le thème de l’avenir des pensions. C’est encore le même clown se vantant de ses exploits politico-médiatico-bibitifs chez Arthur. Quand le spectateur français rit de Michel Daerden, il rit de la Wallonie comme il rirait de la femme à barbe, d’un mangeur de sabres ou d’un mec capable de réciter l’alphabet en pétant. En gros, il se fout de notre gueule et il aurait tort de s’en priver.
L’image de la Wallonie à l’étranger, c’est le cirque.

Alors moi, je me surprends à rêver. Je rêve d’une Wallonie enfin confrontée à sa propre réalité. Une Wallonie qui ne peut plus se cacher derrière la « solidarité » et qui ose enfin se regarder dans le miroir. Une Wallonie qui prend conscience de l’urgence de s’attaquer enfin à son image désastreuse. Une Wallonie qui met enfin en place une véritable politique orientée vers l’avenir, une politique qui s’occupe des gens, d’éducation, de santé, d’emploi, d’environnement. Une Wallonie qui prend enfin la mesure de ses profonds dysfonctionnements : intercommunales à gogo, clientélisme, copinage, népotisme, conflits d’intérêts, etc. Une Wallonie qui deviendrait un exemple de la lutte contre toutes les fraudes. Allons déjà chercher l’argent là où il se cache : la fraude fiscale (et je vous entends déjà me traiter de gaucho) et la fraude sociale (et je vous entends déjà me traiter de facho). Une Wallonie qui ferait le ménage et se débarrasserait enfin de tous ces boulets qui s’expriment en son nom alors qu’ils ne représentent que les quelques abrutis qui les ont élus en échange d’une Carlsberg sur le marché dominical : Eerdekens, Van Cau, Lizin, Chastel, Henry, Collignon, Galant, les fils Ducarme, Antoine, Happart, Javaux, Arena, j’en passe et des meilleurs. Laurent Louis ? N’en parlons même pas. C’est un blog sérieux ici. Et les Daerden dans tout ça ? Les imaginer en prison, c’est plus qu’un désir, c’est carrément un rêve érotique. J’en craquerais mon slip, j’en déchirerais mon pyjama, j’en souillerais mes draps, j’en arroserais mes murs et mon plafond. J’en réveillerais mes voisins à hurler mon plaisir jusqu’à ce que mes cordes vocales sautent l’une après l’autre. Les Daerden en prison. Je serais prêt à assister tous les dimanches à la messe de Monseigneur Léonard si ça pouvait accélérer les procédures judiciaires. J’échangerais ma prostate contre leurs tronches derrière des barreaux.

Imaginez une Wallonie nettoyée de tous ces parasites ! Populo, démago ou poujadiste, moi ? Mais pas du tout. Il reste des tas de politiciens wallons en qui je conserve une entière confiance : Marcel Cheron chez Ecolo, Paul Magnette au PS, Melchior Wathelet Jr. au cdh. Et, j’avoue que j’ai dû me faire violence, mais même au MR, on pourrait imaginer que Christine Defraigne relève un peu le niveau des débats. En voilà quatre qui m’ont l’air extrêmement intelligent. Pourquoi ne pas les enfermer ensemble quelques semaines et les laisser réfléchir à notre avenir ? Interdisons-leur de fréquenter les marchés et bannissons-les des bistrots où l’on sert de la Carlsberg. Ce n’est plus vraiment la démocratie ? Et alors ? Qu’on m’apporte la tête de celui qui condamnerait une période transitoire qui s’assimilerait, disons… à une sorte de despotisme éclairé multipartite. C’est peut-être le prix à payer pour retrouver notre fierté.
Impossible ? Alors je me contenterai de rêver d’une Wallonie où les protagonistes politiques mettraient enfin leurs questions d’ego au second plan.

- Elio, j’aime pas ton nœud pap’ de tapette, mais on va quand même bosser ensemble pour créer de l’emploi.
- Tu as raison Didier, mettons-nous au travail. Au fait, c’est ton front qui a encore grandi ou c'est tes yeux qui ont glissé sur tes joues ?

Si vous êtes arrivé à tout lire jusqu’ici, peut-être en sautant l’un ou l’autre paragraphe, vous vous dites peut-être que j’ai succombé au séparatisme, que j’ai condamné la Belgique avant ces voyoux de Daerden, que j’ai pété un plomb, que je suis devenu Flamand. Pourtant, j’aime la Belgique, j’aime son côté un peu décalé, je me sens plus Belge que fondamentalement wallon. Dans un monde idéal, je préférerais que la Belgique reste unie parce que je reste attaché à ce pays. Et je continue à ressentir plus d’atomes crochus avec les Flamands qu’avec les Français. Et puis, j’ai beau être un sale fainéant de wallon, un parasite borain, un bon à rien, j’ai quand même créé ma propre entreprise… et je réalise 50% de mon chiffre d’affaires en Flandre. Alors même si ce n’était que par pur réflexe égoïste, je préférerais conserver ce pays tel qu’il est. Et me battre pour laver l’honneur de tous ces Wallons qui suent sang et eau pour se tenir droits.

Mais il y a un point sur lequel je ne céderai jamais : foutez-moi les Daerden en prison. C’est la seule revendication sur laquelle je ne plierai pas. Onbespreekbaar.

3 commentaires:

  1. Tu ferais pas mieux de chercher du boulot au lieu de gaspiller l'argent volé par les navetteurs à ma ville-région à écrire des conneries?

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  2. j'ai jamais navetté jusque Dien Bien Phu

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  3. Fifille ne pue pas!

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